Le parti, à sa tête Abdelaziz Belkhadem, est en train de faire peau neuve et d'achever sa mue. L'université d'été du Front de libération nationale a réuni quelque 1200 participants, ce qui pourrait constituer une formidable rampe de lancement pour consolider sa position de parti majoritaire au sein des assemblées locales et de l'enceinte du Palais Zighoud-Youcef. Université d'été pour les uns (FLN, MSP) campagnes de proximité pour les autres (RND) et l'opportunité qu'offrent les commémorations historiques pour certains à l'instar du FFS, à chacun son credo pourrait-on dire à défaut de parler de stratégie de communication afin de mobiliser et galvaniser ses troupes, en vue d'échéances électorales majeures que l'on pourrait qualifier de mi-mandat. Le Front de libération nationale, à sa tête Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du parti et néanmoins chef du gouvernement est en train de faire peau neuve et d'achever sa mue. Né de conditions historiques, le FLN n'a eu de cesse depuis l'indépendance d'être secoué par des luttes intestines dont la finalité n'a été que de l'instrumentaliser, et les buts inavoués des «agressions» qui ont jalonné son histoire n'ont été que la prise et l'exercice du pouvoir. Géré dans l'opacité des jeux de coulisses et des conclaves il n'a représenté qu'un puissant instrument entre les mains des dirigeants qui en ont pris les commandes. 1988, année de naissance du multipartisme et émergence de la presse écrite libre. On assiste à une extraordinaire cassure provoquée par une société algérienne, jeune, mais désoeuvrée qui exprime par son désir de rupture, sa volonté d'instaurer un processus de démocratisation. L'objectif constant était d'empêcher le parti unique d'avoir le monopole du discours politique et de la représentation populaire dépourvue de toute légitimité. Porté par une presse dynamique et audacieuse et relayée par des partis pressés d'en découdre avec un pouvoir sclérosé et à court d'idées, les attentes, les perceptions et l'espoir d'une opinion en mal de démocratie allaient précipiter la chute du FLN qui a pris les rênes du pouvoir et régné en maître absolu sur les destinées du pays. 1990 marque le déclin annoncé du FLN et le début de son irréversible chute lors des élections locales remportées par l'ex-Front islamique du salut. Mais c'est surtout en 1991 qu'éclatera la véritable crise qui précipitera sa descente aux enfers ; les premières élections législatives pluralistes du tout jeune Etat algérien indépendant feront apparaître de profondes dissensions entre les tenants du pouvoir de l'époque et de hauts responsables du parti favorables pour aller jusqu'au bout du processus électoral qui ne s'annonçait pas pourtant sous de bons auspices pour eux. L'interruption de ces élections, qui ont plongé l'Algérie dans une crise qui allait durer plus de dix ans, a entraîné le départ du président Bendjedid, alors secrétaire général du parti. Le FLN en désarroi et en perte de vitesse, dans un climat politique et sécuritaire en pleine ébullition conduira son nouveau secrétaire général, M.Abdelhamid Mehri à participer à la rencontre de Saint'Egedio, le fameux contrat de Rome, qui a réuni les principales sensibilités politiques de l'époque et qui devait déboucher sur une proposition de solution à la crise politique qui gangrenait l'Etat algérien. Outil électoral redoutable mais aussi important appareil de gestion administrative de la cité, le FLN demeure la convoitise du pouvoir qui en a fait l'instrument indispensable au contrôle des institutions de l'Etat. 1996 fut l'année du désormais célèbre «coup d'état scientifique» qui a vu l'accession de Benhamouda au poste de secrétaire général. Les élections législatives de 1997 auraient dû voir le retour du parti aux affaires de l'Etat, mais c'était sans compter, sur son rival, le RND, qui a eu la mainmise sur la nouvelle assemblée à la suite d'une fraude taxée sans précédent par les observateurs. Poussé vers une sortie forcée, Benhamouda a dû céder sa place à Ali Benflis, directeur de campagne et artisan de la victoire de M.Bouteflika lors de l'élection présidentielle de 1999. Fort de ce résultat, le FLN a engrangé deux succès électoraux qui lui ont permis un retour remarqué aux affaires, raflant la majorité des sièges à l'Assemblée nationale et s'emparant dans la foulée de la plupart des Assemblées populaires communales. L'année 2004, a sonné le glas de Benflis, provoqué par sa candidature à la présidentielle qui a eu lieu la même année et a provoqué une profonde scission qui a vu l'apparition d'un mouvement de redressement qui a mené à une bataille juridico-administrative, qui a propulsé l'actuel chef du gouvernement, M.Belkhadem à la tête du parti. Depuis, le Front de libération nationale fait peau neuve et fait preuve d'ouverture de son parti à plus de débats et de démocratie. De coup d'Etat scientifique en redressement, le mythe d'un parti sclérosé dépourvu de courants divers est en train de tomber.