L'inhalation de substances amiantées fait peser un réel danger sur les citoyens de la Cité diplomatique de Dergana,commune de Bordj El Kiffan. Devant recevoir des couples de diplomates, la cité fut destinée, après le séisme de 1980, à d'autres catégories moins privilégiées. Les premiers à s'y installer le furent fin 1982 et début février 1983 ; suivront, trois ans plus tard, d'autres résidents. « Les Canadiens qui les ont fait construire nous ont affirmé que ces bâtiments de la cité des 552 Logements ont une limite d'âge qui ne dépasse pas les vingt ans. Mais, voilà que nous bouclons les 30 ans », déplore un résident qui affirme que l'OPGI ne s'intéresse à cette cité, au nom usurpé, que rarement. « L'amiante, enfouie dans les panneaux en fibrociment se libère au moindre perçage. Y participent fortement les rongeurs, présents en force, en émiettant la laine de vert », soutient-il. Pour lui, les constructeurs ont dû mettre de l'amiante dans les plafonds et dans les parois pour insonoriser les appartements et seules les séparations à l'intérieur de ceux-ci, en sont exemptes. Les habitants font remarquer que « plusieurs cas de cancers et d'allergies se sont déclarés et il n'y a pas un foyer qui n'en est pas touché. Plusieurs enfants sont asthmatiques ». Les habitants ne se font guère d'illusions et assurent que l'amiante est seul responsable de cet état, « en dépit des réticences des médecins ne veulent ou ne peuvent pas se prononcer ». Le docteur Aziez, médecin qui exerce à la cité et de qui on s'est rapproché, n'avance pas sur ce terrain mouvant, mais dira : « Je ne nie pas l'existence de pathologies dangereuses pour la santé de chacun, du plus petit au plus âgé. Le cadre de vie est infect. D'ailleurs, il ne se passe pas une journée sans que je reçoive des cas d'allergie. » Le docteur affirme aussi que les pathologies les plus courantes sont celles qui sont dues à l'environnement et aux habitations qui sont construites avec de la fibre de laine. « Les allergies qui en résultent ne sont pas seulement respiratoires, elles peuvent être ophtalmiques et dermatologiques. Dans certains cas, elles peuvent même être nerveuses. Reste qu'il y a d'autres pathologies plus graves. C'est une exploration que seuls les responsables doivent faire. L'environnement extérieur est dangereux et pour la population qui y habite et pour ceux qui y transitent », soutient-il en disant, sans sourciller, que toute la population de Dergana est « en danger, à courte ou longue échéances ». Les griefs retenus contre l'Office de Dar El Beïda, informé de cette situation, ne sont pas des moindres. « Qui s'en soucie ? Surtout pas l'OPGI qui ne se rappelle à notre bon souvenir que pour nous faire payer les charges, alors que c'est nous mêmes qui faisons les travaux », s'indignent ces résidents. « Des murs sont devenus très fragiles. Dès qu'on marche sur les dalles, on ressent des vibrations et au moindre coup de vent, les panneaux contenant de l'amiante craquellent », indique un habitant. « Les choses se sont gâtées après le tremblement de terre. Les ferrailles sont coupées et si l'on s'amuse à démonter un panneau, on trouve que les soudures ont été faites sans le respect des normes », soutient notre vis-à-vis. A l'OPGI, on minimise les risques. Une source, à l'office de Dar El Beïda affirme que le danger est moindre vu que « l'amiante, isolée, est présente en faible quantité dans les panneaux-sandwiches où l'on trouve aussi de la fibre mélangée avec de la laine. » « Dans le cadre d'un programme plus grand qui a touché tout le territoire national, des cités en préfabriqué ont été construites par des Danois et des Espagnols ou même des Canadiens comme celles de Aïn Allah et de Thénia. Leur durée de vie est de 35 à 40 ans, contrairement aux constructions en dur, dont la durée de vie peut atteindre, dans certains cas, 80 ans », assure-t-on. Par arrêté le P/APC décide la démolition de l'immeuble ou dans le cas de la vétusté de sa réfection, indique-t-on. « La direction de l'aménagement et de la restructuration des quartiers (DARC), est la seule chargée de la réfection de la Cité diplomatique », relève-t-on.