Le gouvernement espagnol a fait mardi une déclaration qui a valeur de mise au clair à propos de sa position à l'égard du conflit du Sahara-Occidental. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, il a affirmé que sa volonté est de « pouvoir appliquer le plan Baker », jusque-là bloqué par le Maroc, ajoutant à cet égard qu'il est « nécessaire de déployer des efforts diplomatiques pour que le plan puisse être mis en œuvre ». Ces propos sont de Miguel Angel Moratinos lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue algérien Abdelaziz Belkhadem qui achevait une visite de deux jours en Espagne. Une visite qui s'est soldée par la décision, également annoncée par M. Moratinos, des gouvernements des deux pays d'« appuyer la légalité internationale et les Nations unies » dans le règlement du conflit du Sahara-Occidental, « en particulier le plan Baker ». Ce qui semble clair et dissiper la confusion relevée dans la position espagnole dont faisait état M. Belkhadem. Le chef de la diplomatie algérienne avait, en effet, relevé qu'elle est « confuse » et « nourrit les illusions du Maroc » qui croit ainsi qu'il est « possible de trouver une solution en marge du chemin tracé par le Conseil de sécurité des Nations unies ». Ce qui laisse entendre que l'Espagne renonce aux suggestions qu'elle avait formulées que l'Algérie avait fermement rejetées. Parce que cette visite intervient dans le contexte de l'examen de la question sahraouie par le Conseil de sécurité de l'ONU, M. Moratinos a indiqué avoir, en outre, évoqué avec son homologue algérien la prochaine résolution qui sera adoptée à la fin de cette semaine. « Je crois, a-t-il dit, que ce sera une résolution de consensus » qui reflétera « la volonté de tous de parvenir à une solution définitive au problème du Sahara-Occidental ». Pour M. Belkhadem, l'Algérie et l'Espagne sont « sur les mêmes positions concernant le Sahara-Occidental. Les deux pays soutiennent la légalité internationale, le plan Baker et le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Les deux pays veulent mettre en œuvre ce plan Baker par un rapprochement des points de vue sahraoui et marocain », a-t-il affirmé. « Je suis heureux de constater que nous développons les mêmes thèses ». Au sujet de « divergences » entre les deux pays sur cette même question, M. Belkhadem a noté qu'il s'agit d'un « malentendu » né de ce qui a été rapporté par la presse sur une réunion à Cannes entre quatre pays (Maroc, Algérie, Espagne et France) pour discuter du conflit sahraoui. Il a rappelé à cet egard que « l'Algérie ne peut se substituer au peuple sahraoui ». Tirant encore la conclusion de ses entretiens avec les responsables espagnols, M. Belkhadem a ajouté : « A partir du moment qu'il nous a été dit officiellement que l'intention de nos amis espagnols était de mettre en œuvre le plan (Baker) en rapprochant les points de vue, en restant dans le cadre de la légalité internationale, nous ne pouvons que souscrire. » L'équivoque semble levée. Reste à savoir comment se concrétisera cet engagement espagnol, et de quelle manière pourrait être surmonté l'obstacle marocain.