Le glissement imprimé par le nouveau président du gouvernement espagnol, le socialiste Rodriguez Zapatero, à la position traditionnelle de son pays sur la question du Sahara Occidental, lui a valu bien des interpellations. Mercredi dernier, en marge de sa visite à Alger, M. Zapatero a fait montre, lors de sa conférence de presse, d'une certaine irrésolution sur la question du Sahara Occidental. Sans rejeter tout à fait le plan Baker, en accordant le rôle de leader à l'ONU, il ne propose pas moins un plan-cadre qui gagnerait l'adhésion de tous les acteurs. En substance, il a déclaré : “Le plan Baker ? On peut toujours intégrer les éléments susceptibles de faire avancer les choses, sans pour autant que cela nous empêche de parvenir à ce plan-accord…”. Et d'ajouter : “Au-delà du fait de devoir aider l'ONU à jouer un rôle de leader et de maître d'œuvre du règlement définitif du conflit, il me paraît un outil fondamental qui est l'accord entre les acteurs eux-mêmes”. Des déclarations qui sonnent comme autant de remises en cause, pour ne pas dire un reniement, de la position de l'ancien gouvernement de José Maria Aznar, qui soutenait le plan des Nations unies pour le règlement du conflit du Sahara Occidental. Cette nouvelle position de M. Zapatero est qualifiée par le quotidien El Mundo de “virage à 180 degrés dans la politique espagnole”, à l'égard de son ancienne colonie. Aussi, des partis politiques espagnols ont, en des termes à peine voilés, sommé M. Zapatero à clarifier sa position. Le porte-parole en politique étrangère du principal parti d'opposition, le Parti populaire (PP), Gustavo de Aristegui, a demandé, jeudi dernier, que le gouvernement “précise immédiatement” quelle est sa position sur le Sahara Occidental. La gauche communiste (Izquierda Unida) a annoncé qu'elle demanderait un débat au Parlement parce que M. Zapatero “oublie les droits des Sahraouis”. Commentant le “recul” du gouvernement espagnol sur la question, le ministre sahraoui pour l'Europe, Mohamed Sidati, cité hier par le quotidien ABC, a soutenu que “l'Espagne n'a pas, aujourd'hui, de politique extérieure indépendante, mais une politique qui est sujette à ce que fait la France. Nous sommes revenus à un axe Paris-Madrid-Rabat”. Il estime aussi que le gouvernement espagnol est soumis “à un courant qui préconise des relations fortes avec le Maroc”. Pour sa part, le gouvernement marocain semble être réconforté par les déclarations, à Alger même, du président du gouvernement espagnol et surtout celles du ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, sur la même question. En écho à M. Barnier qui a déclaré mardi dernier à Alger que “le dialogue entre ces deux pays sera très utile et fondamental...”, le ministre marocain de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain, Nabil Benabdellah, a soutenu, jeudi dernier, à Rabat, que le règlement du conflit du Sahara Occidental “exige un dialogue clair et franc entre le Maroc et l'Algérie”. Il a indiqué que son pays est “favorable à toutes les initiatives de pays frères et amis pour trouver une solution définitive à cette question dans le cadre du respect de la souveraineté marocaine”. Plus explicitement encore, il a fait montre de la disponibilité de son pays “à œuvrer pour un règlement définitif du conflit conformément à l'approche marocaine et dans le cadre du respect de son intégrité territoriale”. Synthèse : A. C.