Le fort taux d'abstention enregistré lors des dernières législatives est une leçon pour le Pouvoir, estime Abdallah Djaballah. Le leader contesté du mouvement El Islah considère que la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN) manque de légitimité. Il appelle, dans ce sens, à l'annulation des résultats des dernières législatives. « Peu importe l'appellation qu'on donne à ce comportement citoyen, le message est clair : il s'agit là d'un rejet du système, de ses politiques et des partis qui lui font allégeance », déclare-t-il. S'exprimant lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, Abdallah Djaballah dira que le boycott des élections par « plus de 80% des électeurs » est un phénomène « dangereux » qui mérite la méditation. « Le rejet des élections est synonyme de désespoir d'un peuple à la recherche d'une alternative », souligne-t-il. Le président d'El Islah plaide pour une réelle réforme constitutionnelle. « Le pays a besoin de ça », juge-t-il. En faisant son constat, l'orateur appelle à la dissolution de la nouvelle législature « élue uniquement avec 15% des voix ». « Est-ce que cette Assemblée est représentative du peuple algérien ? Est-ce que les institutions qui découleront de cette législative ont un minimum de représentativité ? » s'interroge-t-il. Les Algériens, selon lui, sont influencés par les nombreux scandales économiques et politiques ayant éclaté dans le pays ces derniers mois. « Ils n'ont plus confiance en ce Pouvoir », martèle-t-il. « L'énorme fossé qui s'est creusé entre le Pouvoir et le peuple est le résultat d'une dictature, de l'asservissement économique, des dépassements administratifs et du non-respect des droits et des libertés individuelles », lance-t-il. Revenant sur la crise que couve le parti depuis des mois, le président d'El Islah affirme que lui et ses partisans attendent toujours la décision du conseil d'Etat, appelé à trancher définitivement le litige les opposant au mouvement de redressement. « Nous attendons aussi la réponse du ministre de l'Intérieur par rapport aux recours que nous avons déposés auprès des services du ministère », ajoute-t-il. Abdallah Djaballah semble vouloir profiter de la débâcle de ses rivaux aux dernières législatives pour leur asséner le dernier coup. « Les portes du parti sont ouvertes à tous ceux qui veulent rentrer dans les rangs », précise-t-il comme pour dire aux redresseurs du parti « assumez votre échec » et « acceptez ma force ».