Eliminé de la course électorale du 17 mai au profit de ses adversaires au sein du mouvement El Islah, Djaballah monte au front de l'opposition. Djaballah a rompu le silence pour donner son analyse au sujet du déroulement des dernières élections législatives marquées par un taux historique d'abstention. Il s‘est adressé, en son nom et au nom des instances du parti El Islah, aux «frères et soeurs» qui ont répondu à l'appel du boycott des législatives du 17 mai dernier pour les remercier. En marche sur le front du combat, l'homme revigoré par l'échec de la tentative de l'isoler politiquement, retrouve son discours acéré. «Le peuple, dit-il, a senti qu'on a porté atteinte à ses élus, à son Parlement et à ses partis politiques, il n' y a plus de partis pour le défendre et prendre en charge ses préoccupations légitimes de façon pacifique et avec des moyens juridiques». Le constat qu'il établit est sans équivoque: «Le peuple n'a plus de Parlement pour contrôler l'Exécutif, ni de députés pour défendre ses droits» et d'enfoncer davantage les deux législatures précédentes de l'APN marquées à ses yeux par «une propagation terrible des scandales politico-financiers, de la détérioration des conditions sociales des citoyens». Djaballah relève que ces derniers ont «désespéré de voir la situation s'améliorer» et «confirmé les intentions du pouvoir qui ne cherchait, à travers les élections du 17 mai, que de consacrer cette situation de mal en pis». Ces élections n'ont été conçues, d'après Djaballah, que dans la seule orientation politique des partis soutenant le pouvoir, d'où le taux qu'il évalue à 80% d'abstentions. Ce boycott, il l'interprète comme étant «un message fort qui confirme le fossé qui sépare le peuple du pouvoir» et un «refus de ses politiques, de ses programmes et de ses partis politiques, l'appelant à tout revoir». Le leader islamiste lance, lui aussi, un appel en direction des forces vives de la nation «afin qu'elles interpellent le pouvoir en place en vue d'une analyse profonde du message du peuple pour annuler ces élections parce qu'elles ne reflètent pas sa volonté» et va jusqu'à contester la légitimité du Parlement et du gouvernement qui en découlent. Dans ce long communiqué, le président déchu du mouvement El Islah demande au pouvoir «de cesser sa politique d'oppression et de monopole et de prôner le dialogue (...) et d'aller vers des réformes constitutionnelles véritables pour l'établissement d'un système démocratique et consultatif sain et juste». Djaballah tente de récupérer à son avantage le boycott massif des législatives du 17 mai par les Algériens en feignant d'ignorer qu'il n'a jamais appelé à boycotter ces élections mais les listes de ses adversaires au sein du mouvement El Islah, laissant le soin à ses fidèles de choisir leurs élus. De même, qu'il a publiquement soutenu une liste d'Indépen-dants. Le seul parti qui a appelé au boycott du rendez-vous électoral est le FFS. C'est ce qu'il confirme, d'ailleurs, lui-même en rappelant qu'il avait appelé ses cadres et militants pour activer le boycott et barrer la route à ceux qu'il accuse d'usurpation de fonction. Allusion faite à l'aile d'El Islah présidée par Boulahia qui a mené la fronde. Cette sortie de Djaballah est annonciatrice d'une radicalisation de ses positions en vue de reprendre le parti. Il tente, aussi, de se présenter comme le chef de file de la mouvance islamiste d'opposition.