Boulahia: cet échec est dû à la fraude. Le Mouvement El Islah est le grand perdant des élections législatives du 17 mai. Elue en troisième position en 2002 avec 43 sièges, cette formation islamiste a fait un grand pas en arrière en chutant aux derniers rangs. Seulement trois candidats ont passé avec succès l'épreuve des législatives. El Islah a perdu la bataille électorale au coeur même de ses traditionnels fiefs, Constantine, Skikda et Blida au profit des partis qu'on dit «microscopiques.» Pour les observateurs avertis, ce recul est une conséquence logique de la crise qui ronge le Mouvement depuis trois ans. Les deux partis antagonistes ne contestent pas cette lecture. Le retrait du chef charismatique, M.Abdallah Djaballah, serait fatal pour le parti, comme il l'a était pour En Nahda, six ans auparavant. Voilà une thèse qui s'est confirmée avec force, vendredi, à l'annonce des résultats préliminaires des législatives par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Yazid Zerhouni. Après avoir interdit au Mouvement de participer aux élections législatives, le ministre de l'Intérieur, a fini par valider le congrès des redresseurs, discréditant Djaballah et permettant à l'aile, chapeautée par Mohamed Boulahia, de prendre part à la course électorale. Le rêve s'est brisé au grand bonheur de Djaballah. «Nous considérons les élections du 17 mai comme un référendum populaire qui a prouvé, encore une fois, l'illégitimité de l'aile qui a voulu brader le parti» a déclaré M.Lakhdar Benkhellaf, le bras droit de Djaballah, exclu par le congrès tenu le 2 mars dernier. Selon son constat, ce ne sont pas les instances légitimes du parti qui ont mené la course électorale, «mais il s'agit d'un groupe de dissidents exclus qui ne représentent pas le parti». Ce n'est pas le Mouvement El Islah, puisque, de toute manière, le parti «n'a pas pris part à cette joute». Le grand gagnant c'est Djaballah qui s'est félicité, vendredi, de l'écho très important qu'ont eu ses appels au boycott. «Le fort taux d'abstention enregistré durant ces élections reflètent le degré de maturité des citoyens algériens. C'est un appui, sans équivoque aux positions du président du parti.» Les résultats des élections ont provoqué une grande surprise chez le «président d'El Islah», issu du dernier congrès, M.Mohamed Boulahia. Contacté par L'Expression, ce dernier a rejeté les thèses de Benkhellaf, en estimant que cette défaite est due à la fraude. Sans oublier que le parti «n'a pas eu les moyens financiers nécessaires pour mener à bien sa campagne», sachant que «l'argent du parti est détourné par Djaballah». Le bureau national du parti se réunira prochainement pour arrêter la position du parti, ayant reçu un coup très dur, qui risquerait de l'effacer de l'échiquier politique durant ces cinq prochaines années, après une présence très remarquée à la 5e législature. Quant à Abdallah Djaballah, qui préserve toujours son siège national, il n'a pas perdu définitivement le parti, même si le ministre de l'Intérieur a validé le congrès des redresseurs. Et pour cause, les avocats de ce dernier ont déposé un recours administratif qui soulève «les graves transgressions au règlement intérieur opérées par l'aile de Boulahia avant la tenue du congrès.» Du côté du leader islamiste, l'on est confiant: «Le ministère de l'Intérieur a prouvé sa neutralité tout au long de cette crise», conclut Benkhellaf.