Après le débrayage anarchique samedi dernier des conducteurs de taxi révoltés par ce qu'ils ont qualifié d'abus de pouvoir, c'est au tour des transporteurs de voyageur de lever le bras avec le poignet fermé comme pour exprimer une menace à destination de l'Assemblée populaire communale. Ils en ont après la décision unilatérale de cette dernière d'augmenter les droits de stationnement dans les trois gares routières : celles urbaine de Souidani Boudjemaâ, intercommunale de Kouch Nourredine et interwilayas Sidi Brahim. Il ressort de cette décision qu'à partir de juin prochain, les transporteurs interwilayas paieront 50 DA de plus sur les 150 initialement fixés. Ceux urbains et interurbains sont concernés par une augmentation de 500 DA. Ce montant fluctuera selon la puissance du véhicule. Bras levé et poing fermé mais aussi fracas de propos dans ce qui ressemble à un début de bras de fer impensable il y a quelques années. Tout autant que le contrôle de la situation sociale des travailleurs de ce secteur où la plupart des chauffeurs, des receveurs et autres agents de soutien ne sont pas déclarés à la Caisse nationale des assurances sociales, il serait hasardeux d'avancer que cette fois-ci, ils auront gain de cause. Cet énorme coup de boutoir donné par la commune d'Annaba a ébranlé, comme jamais, l'ordre établi des transporteurs. Il est hérité de l'anarchie dans la gestion du secteur. Dans ce qui ressemble à un big-bang, cette commune cherche à valoriser et à rentabiliser son patrimoine. C'est dire que pour reprendre en main à partir de ce début juin les trois infrastructures socioéconomiques destinées au transport des voyageurs, les services de cette institution citoyenne se sont réveillés. Il était temps. En effet, les usagers de ces moyens de transport, y compris utilitaires, commençaient à laisser pointer leur dépit. Celui-ci est généré par l'absence totale d'hygiène et de salubrité dans les bus et autobus et par l'insécurité qui caractérise quotidiennement les gares routières et stations de taxi. Dans ce remue-ménage, la wilaya pourrait s'empresser, fort à propos du reste, de détruire dans l'œuf tout soupçon de risques à l'ordre public. Les 1200 exploitants de bus ayant brandi le poing vers le ciel en guise de première contestation, en seraient, une nouvelle fois, pour leurs frais. L'un d'entre eux, interrogé à la station de bus interurbains de Bouzered Hocine a parlé pour tous : « Cette disposition a été décidée entre le P/APC et l'acquéreur des stations sans qu'un de nos représentants ne soit avisé. Ces derniers ont contacté les autorités locales à l'effet de trouver un compromis en se référant au cahier des charges. A défaut d'entente, les transporteurs seront contraints de déclencher une grève ». Cet exploitant a, cependant, refusé de répondre sur les revendications des usagers quant à l'absence totale d'entretien et de maintenance des moyens de transport mis à la disposition des usagers, de l'exploitation de l'homme dont les exploitants se rendent auteurs en faisant travailler 14 heures/jour les chauffeurs pour 12 000 DA et les receveurs pour 6000 DA.