Une enquête judiciaire a été diligentée cette semaine par le magistrat instructeur près la Cour d'Alger pour faire la lumière sur la gestion financière douteuse de l'opérateur historique Algérie Télécom. Ainsi, l'ancien PDG d'Algérie Télécom, Messaoud Chettih, joint hier par téléphone, affirme qu'il a été appelé, en compagnie de plusieurs responsables d'Algérie Télécom, à « s'expliquer devant le magistrat sur les procédures d'organisation de l'entreprise Algérie Télécom ». Se voulant mesuré et prudent, notre interlocuteur avoue toutefois qu'il a été écouté à la Cour d'Alger en tant qu'ex-responsable de l'opérateur public de téléphonie fixe et mobile. Même si l'enquête judiciaire est toujours en cours, Messaoud Chettih ne s'est pas empêché de passer à l'offensive en accusant, sans vouloir citer leurs noms, des personnes extérieures à l'entreprise qui ont infiltré Algérie Télécom et seraient l'objet de cette enquête. Pour cette raison, il se dit serein en dépit de certaines déclarations faites par les autres responsables. « J'ai toujours accompli mes tâches d'une manière loyale », se défend Chettih. Plus loin encore, tout en précisant que la genèse de cette affaire remonte à l'année passée, Chettih souligne que l'enquête en cours est enclenchée suite à sa demande et aux doléances de certains citoyens lésés. Du côté de la Cour d'Alger, un huis clos imperméable s'est dressé d'ores et déjà sur cette affaire en raison de l'instruction judiciaire en vigueur. La secrétaire du procureur général de la Cour d'Alger s'est refusée à toute information supplémentaire. Au ministère des Postes et des Technologies de l'information et de la communication, le chargé de communication ne s'est pas montré, lui également, prolixe en confirmant par ailleurs que l'affaire est effectivement entre les mains de la justice. « On ne peut pas devancer une enquête judiciaire en cours », explique-t-il. Tout compte fait, il est certain que les tenants et les aboutissants de cette affaire seront connus dans les tout prochains jours où des masques tomberont dans cette entreprise publique qui commence à peine à se mettre sur les rails devant une concurrence de plus en plus effrénée. A ce titre, il est opportun de rappeler que Chettih et Achaïbou ont été limogés, l'été dernier, par le ministre de tutelle Amar Tou pour mauvaise gestion d'Algérie Télécom et Mobilis. Les observateurs estiment que cette destitution peut avoir ses prolongements dans cette enquête judiciaire. A cet égard, il est à supposer que Chettih endosse toujours un bilan peu reluisant à la tête d'Algérie Télécom, lui qui a écopé arbitrairement de deux années de prison sous les directives d'Ahmed Ouyahia, alors ministre de la Justice. Dans le cas contraire, l'ex-PDG d'Algérie Télécom n'a qu'à divulguer à la justice les noms des personnes qu'il visait.