A quelques encablures de la maison de Cheïkh El Bachir El Ibrahimi à Ouled Braham, à 45 km du chef-lieu de wilaya, se dresse l'une des plus grandes briqueteries restée 20 ans après en friche, victime de surenchères d'enjeux économiques. Elle conserve dans ses entrailles un gisement d'argile de plus d'un siècle, pour dire que la commune d'Ouled Braham, en dépit de ses richesses, compte aujourd'hui parmi les localités les plus déshéritées et sa population ne survit que de sa sueur. La voiture cossue que possède l'APC renseigne des contrastes bizarres qui caractérisent ce patelin appelé autrefois fief de la révolution, où reposent plus de 460 martyrs. Cela dit, la manifestation célébrant le 42e anniversaire de la mort d'El Ibrahimi n'a de la dénomination de colloque que le nom. Elle s'est limitée à une exposition de photographies qui n'a pas drainé grand monde. L'absence quasi totale d'informations a fait son effet, certaines langues vont jusqu'à dire que la manifestation telle que présentée dans la 3e édition ne fait pas honneur à une figure emblématique de la trempe de Cheïkh El Bachir El Ibrahimi, l'un des fondateurs de la renaissance algérienne du XXe siècle. Pour ce qui est de sa vie, il est issu d'une famille récitant le Coran de père en fils. Modeste, comme en témoigne sa maison toujours intacte construite avec les matériaux de l'époque ; pierre et toit en troncs d'arbres. Il clos le Livre Sacré à 8 ans, ainsi son grand-père qui était mourant sacrifie deux béliers pour immortaliser ce moment de bonheur. Le disciple partageait son temps entre la lecture et l'entretien de son grand-père alité. Il accomplit avec son père son premier pèlerinage aux Lieux Saints et passe aux cribles les grandes œuvres touchant à toutes les sciences passant par les Moualakat de Imrie El Kaïs, Tarafa Ibn El Abd, El Mouataâ de Malik Ibn Anis. Le livre des chansons de Ahmed Abi El Faradj El Asfahani pour ne citer que celles-ci. Ces œuvres sont toujours conservées en très bon état, y compris celle d'Alphonse S. La pédagogie des indépendantistes. De retour de la Mecque, il s'installe en Tunisie où un des nobles qui avait beaucoup d'admiration pour l'exégète et ses valeurs intrinsèques lui proposa la main de sa fille durant son court séjour. Il fonda sa première mosquée qui porte à ce jour son nom. Dans les années 1920, il retourne au pays et entame ses conquêtes, des périples qui le conduiront dans les contrées les plus lointaines prônant le retour aux origines. Il fonda avec une poignée d'hommes éclairés l'association des Oulama laquelle esquisse le chemin droit que devront suivre tous les Algériens. Il est nécessaire d'accorder plus d'intérêt aux érudits de l'Algérie, à l'œuvre et à la pensée de ceux qui ont servi l'Algérie, à l'instar du cheïkh El Bachir, Ben Badis, Larbi Tébessi, Tayeb El Okbi, Mebarek El Mili et bien d'autres.