Parrainée par la Commission européenne, cette initiative d'information sur les risques des rejets industriels dans la Méditerranée a vu le jour grâce à Legambiente et la Protection civile italienne qui ont pu mobilisé 15 000 volontaires sur les côtes de la Méditerranée (1200 plages), dans 18 pays. A cette grande opération de volontariat suscitée par un sens civil et responsable, hautement louable, baptisée « Clean up the Med » (Nettoyons la Méditerranée), a adhéré volontiers une partie du mouvement associatif algérois, dont l'association de volontariat Touiza et les associations Découverte de la nature, Association Scientifique de Jeunes. Conscients que la Grande Bleue (La mer Blanche en arabe) est victime chaque année de 60 accidents maritimes, en moyenne, dont 15 au moins sont provoqués par l'épanchement du contenu hautement toxique, pétrole et substances chimiques, transportés par ces dangereux réservoirs flottants, les volontaires algérois, de simples citoyens et des étudiants, ne se sont pas fait prier pour rejoindre l'opération « Nettoyons la Med » et pour retrousser leurs manches afin de recueillir et stocker les déchets encombrants sur plusieurs plages dont celle de Terfaya, région de Heuraoua. Et bien que n'ayant pas à leur disposition, comme leurs camarades du port de Gênes qui ont inauguré la campagne, des équipements adéquats (combinaisons isolantes, masques anti-acides et de petites embarcations équipées en matériel sophistiqué), l'entrain et l'engouement général n'a pas fait défaut. Des expositions scientifiques, de sensibilisation aux conséquences néfastes de la pollution sur le devenir de notre littoral ont également été tenues par les participants algérois. Cette mobilisation écologiste a initié l'étape algérienne le 25 mai dernier sur les plages d'Alger et visait d'abord à dénoncer la grave menace qui pèse sur notre mare nostrum où chaque année, les transporteurs de pétrole brut et des substances dérivées du raffinage des hydrocarbures sont responsables, directement ou indirectement, du déversement accidentel ou criminel d'une quantité effroyable d'hydrocarbures, entre 100 et 150 000 t qui compromettent l'équilibre des écosystèmes de la région et menacent les fonds marins. Il faut savoir, en effet, que plus de 2000 ferries, 1500 cargos et 2000 embarcations commerciales, dont 300 navires-citernes (qui représentent 20% du trafic pétrolier maritime mondial) traversent chaque jour les eaux de la Méditerranée, transportant 340 millions de tonnes de pétrole, soit plus de 8 millions de barils par jour. Ces flux commerciaux à risque ont contribué à faire de notre mer la plus polluée au monde avec le plus haut indice de concentration de bitume dans ses eaux, soit 38 milligrammes par mètre cube. Les régions les plus touchées par cette pollution sont les détroits de Gibraltar et de Messine (Italie), mais aussi les ports de Beyrouth et d'Alexandrie. Selon une étude scientifique menée conjointement par la Protection civile et Legambiente sur le thème « La pollution en hydrocarbures de la Méditerranée », chaque année plus de 100 000 t d'hydrocarbures finissent dans la Méditerranée. Notre région méditerranéenne reste l'une des plus polluées à cause de la haute présence de particules toxiques dérivant des rejets industriels et du déversement d'hydrocarbures dans la mer. « Avec 584 villes, 750 ports touristiques, 286 commerciaux, 13 installations de production gazière, 180 centrales thermo-électriques et 82 ports pétroliers et autant de raffineries, les côtes de la Méditerranée sont les plus polluées au monde ». Pourtant, rappelle le rapport, la Méditerranée compte 150 régions à protection spéciale et 17 régions spécifiquement protégées d'importance méditerranéenne qui s'étendent sur 9 millions d'hectares. Et bien que l'Algérie soit le seul grand producteur de pétrole dans la région, c'est l'Italie qui compte le plus grand nombre de raffineries (17) qui transforment le quart de tout le brut de la Méditerranée (2 300 800 barils par jour) et le plus de ports pétroliers (14). Viennent ensuite la France avec ses 12 raffineries et l'Espagne avec 9 raffineries et 10 grands ports pétroliers. Legambiente a comptabilisé 27 accidents significatifs ayant causé le déversement de 270 000 t d'hydrocarbures dans la Méditerranée depuis 1985. L'Italie détient le triste record du pays qui a déversé la plus grande quantité d'éléments polluants avec 162 000 t, suivie par la Turquie (50 000 t) et le Liban (29 000 t). L'opération « Nettoyons la Med » implique plus de 15 000 volontaires à travers tous les pays de la Méditerranée, ceux de la rive Nord et ceux de la rive Sud, et environ 500 organisations, entre parcs naturels, associations et autorités locales.