Le militant de la cause nationale, Mustapha Saâdoun, 89 ans, qui ne s'est plus manifesté en public depuis 1962, a réussi, jeudi dernier, à rassembler une foule au niveau de la bibliothèque communale de Cherchell, composée essentiellement de responsables de l'ALN de la Wilaya IV historique, fils de chouhada, universitaires et citoyens. Mustapha Saâdoun a créé l'évènement en intervenant sur le massacre collectif des populations civiles, le 28 novembre 1956, à Cherchell et l'historique des armes détournées par l'aspirant Henri Maillot. C'est pour lutter contre la culture de l'oubli que M. Saâdoun a lancé un appel pour la création d'un comité afin de recueillir tous les noms de chouhada assassinés lors cette effroyable journée de novembre 1956. La liste des fusillés de Cherchell ne s'arrête pas aux martyrs Bahria Mohamed, Chemli Abdelkader, Chemli Mohamed, Dadou M'Hamed, Riad Abdelkader, Saâdoun Hamoud, Saâdoun Hocine, Saâdoun Nour-Eddine, Benabdellah Mouloud dit Sergène, car le nombre a dépassé la vingtaine. Le récit des faits réels, relaté avec une grande émotion par le rescapé Dehili avait fait pleurer certains membres de l'assistance. En face de lui, au 1er rang, était assis le conducteur du véhicule qui avait servi au ramassage des cadavres des martyrs. Si Braham, le conducteur, s'exprimant difficilement, a tenu à assister à la manifestation organisée par l'Association des journalistes et correspondants de presse de Tipaza. « Cette partie de la wilaya de Tipaza est oubliée par les historiens, et à partir d'ici, je lance un appel pour venir recueillir les faits qui avaient marqué Cherchell et ses environs dans la lutte pour la Libération nationale », déclare Mustapha Saâdoun. Il relève qu'aucune stèle n'a été érigée sur le lieu du massacre à la mémoire de ces martyrs de la guerre de Libération nationale. « Je demande à ce que la France soit traduite devant le tribunal pénal international pour être jugée sur les massacres perpétrés contre notre peuple », ajoute M. Saâdoun. Le commandant Lakhdar Bouregaâ, de la Wilaya historique IV, a exhorté les intellectuels à faire des sacrifices et à fournir des efforts pour écrire l'histoire authentique du pays. « Il faut que l'intellectuel algérien arrive à prendre ses responsabilités pour faire éclater la vérité aux jeunes », enchaîne-t-il. Il révèle détenir le testament du chahid Lakhdar Bouchema, adressé au président du GPRA. « Dans ce document historique, Si Lakhdar Bouchema s'est interrogé sur le rôle des frontières algériennes : les frontières sont-elles des ailes pour la Révolution algérienne ou bien des pièges, écrivait alors le chahid natif de cette ville », conclut le commandant de l'ALN, Si Lakhdar Bouregaâ. Les Algériennes d'origine française, Annie Steiner et Eliet Loup, résistantes qui activaient dans la zone autonome d'Alger, avant d'être arrêtées et condamnées par le tribunal de l'armée coloniale, sont venues assister à cette rencontre en compagnie de l'autre résistant Babliéto dit Momo. Parmi l'assistance, nous avons noté la présence de Boughadjou Malek, Ali Sid, Moh Chérif, Tahar Hocine, respectivement président de la fondation Maillot, membre de la fondation Maillot, ancien commando d'Ali Khodja, membre de l'ALN. Il y avait également la vice-présidente de la fondation de la Wilaya IV historique et d'autres anciens combattants de la guerre de Libération, venus d'Alger et de Blida. La question qui avait taraudé les esprits de la foule demeure l'absence des anciens moudjahidine de la région qui, habituellement, se manifestent à chaque occasion officielle.