Dans un débat télévisé sur l'état de la langue française et de la francophonie, des spécialistes et des linguistes ont tous abondé dans le même sens, pour dénoncer le conservatisme de l'Académie française préjudiciable au rayonnement de la langue. Cette institution refuse de rénover — pour les simplifier — l'orthographe et la grammaire. Pour sa part, l'écrivain marocain Tahar Benjelloun a dénoncé l'usage politicien de ce concept hautement culturel qu'est la francophonie. Il est allé jusqu'à mettre en cause l'Etat français dans le recul de la langue de Voltaire dans les pays étrangers. Et de citer, les restrictions budgétaires dont sont victimes les centres culturels français et les services concernés par la promotion du français au niveau des ambassades de ce pays. Il a parlé de misère pour décrire leur situation. Un exemple frappant vient confirmer ses dires. En Algérie, l'ambassade de France organise chaque année — en plusieurs sessions — des examens de niveau pour les candidats à l'émigration. Afin d'encadrer ces examens, elle fait appel à des universitaires, professeurs de français triés sur le volet de l'expérience et de la compétence. La rémunération de leurs prestations a de quoi nourrir les inquiétudes des amoureux des belles lettres. Qu'on en juge ! Pour une session de quatre (voire cinq heures) réparties en deux séances — l'écrit et l'oral — l'encadreur de rang universitaire touche 1000 DA la journée. Soit 250 DA/heure. Pour être plus proche de la réalité française, il est remunéré à 0,25 euro de l'heure. Pas rentable la langue française ! Une misère, n'est- ce pas ?