La proximité de la ville de M'sila n'offre pas aux villageois de Zitouna une quelconque facilité pour s'intégrer totalement dans sa sphère économique, sauf pour une catégorie de citoyens spécialisés dans certains métiers, notamment la maçonnerie, qui demeure malgré tout marginale ; sinon, pour le reste de la population, c'est la misère. La forte population atteignant 14 000 habitants n'a pas conféré au village Zitouna le statut d'APC, et il demeure toujours rattaché à la commune de Maâdid, elle-même dépourvue de moyens. Cette dernière gère d'une manière approximative les besoins incompressibles des citoyens des dechras qui sont de la même envergure que Zitouna. Sa population, pauvre, ne tire rien du relief escarpé et montagneux de la zone, et, pour survivre, opte pour l'exil vers les régions lointaines, notamment Tamanrasset. La plupart de ceux qui partent activent dans les services pour des revenus qui ne permettent pas de soustraire leurs familles restées au village à la pauvreté. Zitouna est un village enserré entre l'oued Zitoune et l'oued Djedaf, qui lui confèrent une configuration particulière, avec une route principale surplombant l'oued Zitoune et sur laquelle se greffent toutes les ruelles du village. L'aménagement de la voie principale ne doit pas occulter le délabrement dans lequel se trouve le village avec ses maisons de pierres et qui s'apparentent plutôt à des gourbis, plus enclins à s'écrouler qu'à résister aux aléas du temps. L'un des gros problèmes du village, selon son association, réside dans le fait que le chef de daïra d'Ouled Derradj considère Zitouna comme une zone urbaine, tout en l'excluant aussi bien du logement social que du logement rural. Alors que sa population, indique-t-on, se considère plutôt rurale et se dit victime de l'appréciation du chef de daïra, qui la prive de bénéficier des logements ruraux. Par ailleurs, la situation de certains quartiers n'est pas reluisante, notamment le quartier de l'est du village, ou pas moins de 50 familles vivent sous la menace du danger permanent dû aux câbles de moyenne tension qui traversent les habitations. Le caractère dangereux de cette situation ne semble aucunement interpeller les autorités de la wilaya auxquelles incombe la responsabilité de les soustraire de ce danger, vu l'incapacité matérielle de l'APC de Maâdid à apporter son concours à ces villageois. Outre le passage de ce câble, le quartier est dépourvu de toutes les commodités : ni assainissement, ni électricité. L'évacuation des eaux pluviales s'opère par le biais d'une profonde séguia creusée au milieu de la voie. La séguia permet, également, l'évacuation des eaux de lessive émanant des maisons de ce quartier. Les citoyens vivent dans les pires conditions, alors que l'argent coule à flots et la gestion rationnelle de cet argent fait lourdement défaut. Le drame de Khaloua Le secteur de la santé n'est pas en reste et enregistre beaucoup de carences : manque d'ambulance, et jusqu'au médecin qui n'assure la consultation que deux fois par semaine. Pour les autres journées, c'est le néant, sauf pour le chirurgien dentiste qui est l'indice de la permanence de l'activité de la polyclinique. L'autre point dont les citoyens se plaignent réside dans la qualité de l'eau potable, qui est transportée sur une distance de 12 km, par le biais d'une canalisation en acier qui n'en finit pas de sécréter la rouille qui affecte l'eau, causant des désagréments aux consommateurs. En évoquant l'eau, c'est la dramatique situation du village Khaloua, situé dans le prolongement nord de Zitouna, qui vient à l'esprit et où les enfants, ou plutôt certains d'entre eux, abandonnent l'école pour se destiner à un métier qui est désormais le leur : porteurs d'eau. Lors de notre dernier passage dans ce village, il nous a été donné de constater que la situation en matière d'eau potable, par rapport à l'an 2000 (El Watan du 7 octobre 2000), n'a pas tellement évolué, et que la disponibilité de l'eau demeure problématique. En effet, le forage, réalisé récemment, n'a rien réglé au problème, du fait que l'eau qui en est extraite est amère. Pour pallier cette carence, seule une partie de la population était approvisionnée par citerne. Pour l'autre partie, nous dira Tahar, habitant de Khaloua, qui habite le flanc du mont Hodna, Dhalaâ, et à cause du relief, les enfants se chargent de ramener l'eau à partir de la source D'fila, distante de 7 km du village, étant donné que les citernes n'y parviennent pas. Si le camion tombe en panne, nous dira Tahar, — et c'est ce qui leur arrive le plus souvent — tous les enfants s'y mettent pour approvisionner à dos d'ânes leurs foyers. C'est quand même injuste que des gamins grandissent avec une lourde responsabilité : approvisionner leurs familles en eau potable aux dépens de leurs études et de leur avenir, et ce, pour pallier les incohérences des autorités de la wilaya qui ont la charge — entre autres — de satisfaire les besoins incompressibles des villageois en eau potable et de créer les conditions favorables pour permettre aux enfants de se consacrer principalement à la scolarité. L'agence postale menace de s'effondrer Dans la série des carences vécues au niveau du village Zitouna, figure l'agence postale, réduite à sa portion congrue et qui n'arrive pas, avec un seul préposé au guichet, à offrir le service minimum, notamment en direction des vieilles personnes qui se bousculent, nous dit-on, chaque matin, sans parvenir à toucher leur pension. Ses dimensions ne dépassent pas les 8 m x 3m. Elle est exiguë pour une population de 14 000 habitants et se trouve dans un état critique, car totalement délabrée : le plafond s'est dégarni jusqu'à l'apparition de la dalle, rendue poreuse à cause des infiltrations des eaux de pluie. C'est une carcasse qui risque de s'effondrer à tout moment. Cette agence postale ne joue plus son rôle et les citoyens sont obligés de se déplacer jusqu à M'sila pour des services qui ont disparu à l'agence de Zitouna.