La télévision française fait fort en diffusant le film documentaire d'Yves Boisset sur La Bataille d'Alger. Bien sûr, c'est sur la chaîne Public Sénat, à la diffusion plutôt confidentielle par rapport aux grandes chaînes. Mais il y a dans cette réalisation, une reconnaissance clairement affirmée de certains aspects de la Révolution algérienne occultés, jusqu'à présent, relatifs à la torture, d'une part, et à la profonde aspiration algérienne à l'indépendance, d'autre part. On y entend le colonel Jacques Allaire, l'homme qui avait arrêté Larbi Ben M'hidi. Il était alors lieutenant : « J'aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté. C'était un seigneur, impressionnant de calme, de sérénité de conviction. Cela m'a fait de la peine, car je savais qu'il était perdu. » Cependant, peut-être plus que le film lui-même, déjà présenté par Yves Boisset à Alger en avant-première, il y a quelques mois, c'est le débat conduit sans tabous par Benoit Duquesne. On entend particulièrement Benjamin Stora parler du « couple terrorisme/torture » dans la Bataille d'Alger qui a conduit en France à « la montée en puissance d'une idéologie des droits de l'homme, qui devenaient un enjeu ». Yves Boisset dit clairement : « A la fin 1957, ceux qui disaient que la torture n'existe pas, sont soit des menteurs, soit des imbéciles. » Enfin concernant la mémoire, le cinéaste Boisset parle de « blessure à vif », alors que l'historien Stora appelle à « un compromis mémoriel » qui consisterait à reconnaître la souffrance de l'autre. A voir : samedi 9 juin sur LCP-Public Sénat à 14 h. Dimanche 10 juin à 8h58. Jeudi 14 juin à 10h29. Lundi 18 juin à 15h37. Mardi 19 juin à 3h32. Mardi 19 juin à 12h59. Mercredi 20 juin à 11h02 (heures françaises).