Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Saïd Sadi, est revenu, hier lors d'une conférence de presse, sur le léger lifting opéré sur le gouvernement ces derniers jours en le qualifiant de « reconduction poussive et laborieuse, signe de fragilité du pouvoir ». Ne partageant pas la thèse du défi ou d'arrogance vis-à-vis des citoyens en maintenant un gouvernement qui n'a pas réussi à convaincre les électeurs le 17 mai, M. Sadi estime qu'il s'agit plus d'un signe de fragilité et de décomposition au sein de l'Etat. « On privilégie de laisser les choses telles quelles et après on verra », dira-t-il. Revenant sur les législatives du 17 mai, le leader du RCD considère que « c'est un mauvais coup donné à l'Algérie ». Se disant victime d'une « condamnation à perpétuité » en n'ayant que 19 sièges à l'APN, M. Sadi soutient l'idée que le pouvoir veut interdire toute forme de débat. « Le RCD est condamné à ne pas faire de proposition de loi, puisque n'ayant pas 20 sièges, c'est un mauvais signe pour l'expression démocratique », a-t-il dit. M. Sadi estime que cette manière de faire renvoie à « une volonté de jouer de la corruption pour construire le pouvoir politique » et de souligner : « C'est une démarche consciente du pouvoir qui consiste à polluer tout ce qui peut donner à l'Algérie des cadres crédibles. » Cette corruption, explique l'homme politique, s'est traduite par la multiplication des sigles de partis politiques dont le rôle est « d'empêcher la visibilité du discours de l'opposition ». M. Sadi ira jusqu'à affirmer que la présence des partis microscopiques dans la chambre basse sert à rendre inaudible la voix de l'opposition. Le même responsable politique exclura toute alliance possible avec l'un des partis inscrits au registre de l'APN. Qualifiant de « massive » la fraude qui a entaché les dernières élections, le chef du RCD note qu'il ne sert plus à rien de payer des gens pour surveiller le scrutin. Evoquant le deuxième point à l'ordre du jour de la réunion du CN, à savoir les préparatifs pour les prochaines élections locales, le numéro un du RCD s'attend à une récidive de la fraude. Par ailleurs, au sujet de l'amendement de la loi électorale dans la perspective de ces élections, M. Sadi fustige l'intention de la suppression du principe de la proportionnelle de la loi électorale : « Les partis de la coalition gouvernementale sont d'accord pour l'abolition des libertés et la confiscation des droits des citoyens. » M. Sadi estime que le but visé par la révision de la loi électorale est l'inféodation des mairies en instrument de contrôle politique de la société. « Ce qu'il y a lieu de faire, c'est de renforcer le pouvoir local et libérer la démocratie de proximité », indique le conférencier en appelant à l'élargissement des prérogatives des communes et au relèvement des indemnités des présidents d'APC et d'APW afin de fermer la porte à la corruption. M. Sadi estime que le risque qui va se poser pour les prochaines joutes électorales, c'est qu'on impose des personnes soutenues par les moyens de l'Etat. « Il va falloir que des ONG internationales viennent en nombre important contrôler le déroulement du prochain scrutin, car le problème n'est pas dans le mode de scrutin, mais dans la manière dont il se déroule », conclut le chef politique.