La célébration de la fête du Travail a été l'occasion pour les syndicats d'appeler le gouvernement à se mettre à la table des négociations pour l'augmentation des salaires. Les revendications sociales mises entre parenthèses pendant cette longue période électorale que l'Algérie vient de vivre reviennent au premier plan. Finie donc la trêve sociale, et les syndicats comptent remonter au front pour porter la voix des travailleurs. L'UGTA, qui s'est pleinement investie dans le processus électoral, va désormais se recentrer sur des questions syndico-syndicales. Il y va de sa représentativité dans le monde du travail, soumise qu'elle est à la pression des syndicats autonomes qui entendent renouer avec la protestation sociale. Premier objectif pour l'UGTA : la revalorisation du SNMG. Des seuils d'augmentation ont été évoqués ici et là, cependant, Abdelmadjid Sidi-Saïd préfère cultiver la nuance. “Il est vrai que nous allons, dès que les conditions s'y prêteront, entamer une réflexion sur une augmentation du SNMG et faire des propositions dans le cadre de la tripartite pour faire évoluer ce sujet d'importance pour les travailleurs”, a-t-il déclaré mercredi dans un entretien à l'APS. Cependant, cette augmentation, que le coût de la vie rend plus qu'indispensable, ne dépend pas seulement du bon vouloir de la Centrale de Sidi-Saïd, laquelle doit composer avec le gouvernement et le patronnat, dans le cadre du dialogue social. “Vous savez fort bien que depuis longtemps, nous avions inscrit toute la démarche de l'UGTA dans un esprit de dialogue et de concertation avec tous les partenaires. Cela a donné des résultats dans le passé et nous comptons poursuivre dans cette voie à la fois pour défendre les intérêts légitimes des travailleurs et défendre l'emploi dans notre pays”, a-t-il rappelé, en laissant entendre que le contexte de crise peut se traduire par une révision à la baisse des engagements pris devant les travailleurs au sujet du SNMG. C'est en tout cas le sens qu'il convient aux propos du patron de l'UGTA affirmant que “dans un monde en crise, nous devons resserrer les rangs, débattre, voir comment nous pourrions surmonter ensemble tous les écueils et faire avancer le projet national” Mais crise ou pas, Sidi-Saïd entend se faire “le chantre du pouvoir d'achat des travailleurs et participer à la préservation de l'emploi et à son élargissement” dans le cadre de la nouvelle approche de l'économie fondée sur “le patriotisme économique” remis au goût du jour par la crise systémique qui remet en cause le modèle libéral. Outre le SNMG, Sidi-Saïd revient également sur la grande affaire qu'est la mise en place du “fonds de réserve pour les retraites”, vieille revendication syndicale qu'il qualifie de “première à l'échelle planétaire”. Mais à ce niveau, les choses sont au stade de la maturation. “Ce grand projet est en maturation pour en préciser les ressources et les règles de faisabilité. Le nombre, de plus en plus grand, de retraités de la Fonction publique et du secteur économique nous pousse à réfléchir ensemble, pouvoirs publics et syndicat, aux meilleures formules possibles pour organiser et renforcer la solidarité sociale”, explique-t-il. Quant au pacte social, dont les fondement ont été posés, il y a deux ans, force est de constater aujourd'hui qu'il n'a pas été encore à la hauteur des objectifs qui lui sont assignés en termes d'acquis, même si, comme le dit Sidi-Saïd, il reste “l'un des plus grands acquis de la dernière décennie” qui a donné incontestablement des résultats dans la stabilisation de l'emploi, parfois même dans la progression par la création de nouveaux postes de travail. Il a apporté beaucoup en termes de rémunération mais comme toute œuvre humaine, l'on est conduit à en faire un bilan d'étape. Autant de questions qui seront donc discutées lors de la prochaine tripartite dont la date n'est pas encore arrêtée. Pas plus d'ailleurs que les autres points de l'ordre du jour. Mais le plus tôt sera le mieux maintenant que le gouvernement s'est vu accorder une prolongation par le président de la République. Il est en devoir d'apporter des réponses aux attentes des travailleurs qui attendent aussi à leur tour le renvoi d'ascenseur de la part du président Bouteflika dont ils ont contribué à la réélection. En tout cas, les syndicats autonomes ne comptent pas lui accorder le moindre répit. En témoignent leurs dernières sorties où ils menacent de recourir à la grève si Ouyahia ne lâche pas du lest. Omar OUALI