Il y a ceux qui y sont favorables et ceux qui n'y voient pas d'inconvénient. A moins de trois mois de la date fixée pour l'organisation des élections locales, l'on parle déjà du report de l'échéance et de la prorogation du mandat des élus locaux. Echaudés par l'expérience des législatives du 17 mai dernier, les partis politiques se montrent prudents. Ils appellent à méditer le message exprimé par le fort taux d'abstention et bien préparer cette nouvelle échéance. C'est la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, qui lance l'idée du report. S'exprimant, jeudi dernier, sur les ondes de la radio nationale, elle affirme que « la coïncidence de ce scrutin avec la saison estivale, la rentrée sociale et le mois de Ramadhan risque de favoriser davantage l'abstention ». Cette suggestion est soutenue, a priori, par le RCD. « On ne va pas faire une campagne électorale pour des estivants. L'idéal serait de reporter l'échéance pour l'après-Ramadhan », affirme Djamel Ferdjellah, député et chef du groupe parlementaire du RCD. Mais, peut-on recourir à cette option ? En tout cas, la loi électorale 97-07 ne prévoit pas un tel cas de figure. Les articles 29 et 75 de ce texte précisent que « les élections ont lieu dans les trois mois précédant l'expiration des mandats en cours ». « Toutefois, les mandats en cours sont systématiquement prorogés en cas de mise en œuvre des mesures prévues aux articles 90, 93 et 96 de la Constitution », souligne encore l'article 75 de la même loi. Or, aucun des cas indiqués par ces trois articles de la Constitution ne s'est présenté. Comment procéder alors à une telle éventualité ? Selon les partis de l'Alliance présidentielle, seule une décision du président de la République ou une modification de la loi organique, et à la majorité écrasante, par le parlement, peut permettre de proroger le mandat des élus locaux. En effet, le RND qui, selon son chargé de communication Miloud Chorfi, « ne demande pas le report de la joute », ne s'opposera pas non plus à un tel scénario « si le premier magistrat du pays le décide ». Le FLN abonde dans le même sens. « S'il y a un consensus autour d'un report et que l'APN vote à la majorité écrasante un texte qui amende la loi organique », indique pour sa part Saïd Bouhadja, chargé de communication du FLN. Par ailleurs, le MSP souligne, par la voix de Abderrezak Mokri, vice-président du parti, que « la date de l'élection n'est pas encore fixée et que le corps électoral n'est pas convoqué ». Divergences sur la révision de la loi électorale Si tous les partis sont d'accord sur le principe de la révision de cette loi, ils divergent sur les modalités de cette révision. Avant que la mouture initiale de nouveau texte ne soit rendue publique, des partis se lèvent d'ores et déjà contre le projet défendu par les partis de l'Alliance présidentielle. C'est le cas du RCD qui accuse cette coalition de vouloir « réinstaurer le parti unique en mettant en avant la volonté d'introduire dans le nouveau texte la proportionnelle intégrale ». Cette dernière donnera la possibilité à chaque formation détenant la majorité dans une assemblée de gérer seule ses affaires. « La suppression du contre-pouvoir dans une assemblée nuit au pluralisme et à la démocratie », soutient Djamel Ferdjellah, qui précise que le problème des élections en Algérie ne réside pas dans le mode de scrutin, mais dans la neutralité de l'administration. Le président du FNA, Moussa Touati, plaide, de son côté, pour le rétablissement de la confiance entre « l'élu et la population en limitant les pouvoirs de l'administration (chefs de daïra et secrétaires généraux des communes) ». Le MSP propose lui aussi le renforcement des pouvoirs des élus locaux et la réforme de la fiscalité locale permettant aux communes de sortir des crises financières dont elles souffrent. En revanche, le RND veut lutter contre ce qu'il appelle « l'argent sale de la politique ».