Tout autant que dans le commerce au détail, celui du gros est caractérisé par une réelle anarchie dans la wilaya de Annaba. Actuellement, le consommateur détaillant ne sait plus quoi faire pour poursuivre ses activités sans avoir à appréhender les sanctions et poursuites judiciaires pour défaut de présentation des factures lors des opérations de contrôle. « Je suis obligé de faire dans l'illégalité pour ne pas avoir à fermer mon local. J'ai à maintes reprises demandé à mes fournisseurs de m'établir des factures d'achat. Ils ont tous la même réponse : pas de facture. Si ce n'est pas toi qui achète, d'autres le feront. C'est la politique du “à prendre ou à laisser” qu'on nous impose », a affirmé un commerçant spécialisé dans le commerce de la quincaillerie qui s'approvisionne sur les marchés informels de Tadjennent (Constantine) et El Eulma (Sétif). Plusieurs grossistes sont implantés dans la wilaya de Annaba. Bien que bénéficiaires d'un registre du commerce et de l'identification fiscale, tous pratiquent le commerce de gros basé sur le principe de « sans facture ». Gros bras de la finance et animateurs du commerce spéculatif pour la plupart, ils trouvent leur compte en enregistrant quotidiennement des dizaines de milliards de dinars en chiffre d'affaires sans avoir à payer des impôts au Trésor public. Que ce soit dans les produits agroalimentaires, les équipements ménagers, l'électroménager et l'électronique, les pièces de rechange et pneumatiques, les produits pharmaceutiques..., l'approvisionnement de leurs stocks provient du port et parfois des frontières terrestres. La réception se fait souvent tard dans la nuit ou au petit matin à l'abri des regards indiscrets. Oued Forcha, Hadjar Dis, Gassiot, Val Mascort, Sidi Salem, El Bouni... sont les lieux privilégiés de stockage de tout ce qui entre illicitement sur le territoire de la wilaya. « Il ne se passe pas une semaine sans que des camions portant des containers viennent perturber notre sommeil. Sans être inquiété et encore moins prendre des précautions pour éviter de déranger le voisinage, ils déchargent leurs marchandises durant toute la nuit avant de repartir au levée du jour. Je ne sais pas s'il existe des services compétents pour ce genre de situation, mais cela a trop duré », se révolte un des habitants de la cité Gassiot à proximité de la résidence du wali. C'est cet autre aspect du commerce dans notre pays que les services décentralisés du ministère du Commerce tentent de maîtriser. Il s'agit notamment de la gestion des marchés de gros et sédentaires. Quatre d'entre eux qualifiés de « marchés structurés » ont été recensés dans les wilayas de Annaba, Guelma, Souk Ahras et Tébessa alors que celui de Skikda, bien qu'opérationnel depuis plusieurs années, n'est pas structuré tout autant que celui d'El Tarf non achevé plusieurs années après le lancement des travaux de réalisation. C'est dans ce cadre que les réunions des membres du comité de wilaya chargés de l'encadrement se sont multipliées et que des opérations de contrôle avaient été lancées. Là également, les représentants des différents services chargés de la concurrence et des prix et ceux des enquêtes économiques et de la répression des fraudes parlent de difficultés d'accès et de conditions très aléatoires de sécurité auxquelles sont confrontés les agents de contrôle. Les 194 marchés sédentaires créés par arrêté du wali ou communal entre hebdomadaires et quotidiens essaimés à travers la région, posent problème dans leur suivi. Tout autant que 61 autres (dont 25 à Khenchela et 20 à El Tarf) que l'on peut qualifier d'informels en l'absence de toute décision.