C'est une nouvelle mouture de Hamma El Fayek d'après Azzedine Mihoubi que Masrah El Madina vient de donner à Témouchent, une variante plus plaisante à bien des égards à en juger par les échos que la critique avait donnés de la générale. Le public de la Maison de la culture ne s'est d'ailleurs pas privé de le signifier par ses applaudissements saluant ici et là les performances d'acteur de Adar Mohamed et ses trouvailles dans la mise en scène de la pièce. Force est de reconnaître que le spectacle est alerte grâce à un rythme qui ne faiblit jamais, la pièce ayant à cet égard été ramassée en deux tableaux au lieu de trois précédemment. L'élagage qu'elle a subi lui a évité d'être langagière et de verser dans la platitude du bavardage. De la sorte, la mise en scène a résolument investi essentiellement le jeu du comédien mais sans jamais tomber dans le travers du cabotinage comme cela tend à devenir une règle depuis quelques années dans le théâtre algérien. Ainsi, ce sont moins les répliques qui font mouche que l'interprétation qui les habille. Et à ce titre, le spectacle a grand mérite de nous faire redécouvrir une autre facette de l'un de nos plus talentueux comédiens, un Adar plus inspiré et plus heureux dans l'exercice de son métier, un Adar qui ce faisant se renouvelle en se démarquant cette fois totalement du personnage de Si Ali, l'écrivain public de El Khobza, un personnage qu'il avait campé si magistralement dans les années 1970. De même, Adar a ainsi coupé avec la série de personnages chargés de malheur qu'il a tout aussi bien habité à l'instar de Si Ali, qu'il s'agisse de Rebouhi Lahbib dans Lajouad ou encore de El Mokhadram dans la pièce du même nom, des personnages plutôt emblématiques. Avec Hamma El Fayek, il a enfin eu à donner corps à un être plus près du réel. Et dans la réplique, il avait à ses côtés un Tayeb Ramdane moins crispé lui aussi dans son jeu ainsi que trois jeunes comédiens pleins de verve : une pétillante Nabila Benghebour et les non moins pétulants Houari Louz et Fethi Hachouti. Tout leur mérite est d'avoir su faire rire et émouvoir à partir d'un prétexte bien ténu, celui des pérégrinations de Hamma le futé, un homme pris d'une pressante envie de changer de pays. Côté scénographie, le décor est réduit à sa plus simple expression, soit quelques panneaux délimitant l'espace d'évolution des personnage et des costumes au demeurant assez suggestifs. C'est dire que Adar vient de rappeler qu'avec peu de moyens mais avec de l'inspiration, on peut faire du bon théâtre. C'est dire également que Hamma El Fayek est à voir et pourquoi pas à revoir.