Je m'attendais presque à voir surgir le président Bush, Donald Rumsfeld et les néo-conservateurs américains, tant les faucons de Washington ont inscrit leur stratégie irakienne dans la lignée de celle de Charles X, du prince de Polignac et du général de Bourmont. Ils ont, comme leurs modèles, caché des intentions vulgaires derrière de beaux et nobles sentiments », ironise Pierre Péan, auteur de Main basse sur Alger, paru aux éditions Plon. Retour sur la prise d'Alger par l'armée française. Officiellement, Paris voulait laver l'affront du coup de l'éventail. L'histoire a retenu ce jour où dey Hussein, excédé par l'attitude du consul de France qui tergiversait pour expliquer le refus de Paris de rembourser sa dette à la Régence, a eu le geste malheureux de le frapper avec son éventail. Fureur, le monde chrétien est bafoué par les pirates barbaresques. Il faut au plus vite civiliser les sauvages pour « le bien de l'humanité entière ». On entendrait presque George Bush... Acte de brigandage Alger n'avait pas de pétrole à l'époque mais était immensément riche, grâce notamment aux actes de piraterie. Et la France de Charles X avait besoin de beaucoup d'argent, surtout pour permettre au nouveau maître de Paris de faire face à son opposition et de corrompre l'électorat. Le coup de l'éventail tombait bien. Pour convaincre l'opinion publique, Alger est présentée comme une place importante de l'esclavagisme de chrétiens et un puissant Etat fortement armé par les services de Charles X qui a absolument besoin d'une victoire militaire pour asseoir son règne. Du moins, le croit-il. L'armée sait pertinemment que la prise d'Alger ne présentait aucun problème majeur tant les forces sont déséquilibrées. Pierre Péan démontre que le but de cette expédition est de faire main basse sur le trésor d'Alger, l'équivalent de 4 milliards d'euros. Dont seule une infime partie parvient aux caisses de Paris. Le reste est détourné par les proches de Charles, démis quelques jours après la prise d'Alger, et quelques industriels comme les familles Seillière (ancêtres de l'actuel président du Medef) et Scheineder. « L'acte fondateur des relations entre Paris et Alger, si importantes aujourd'hui encore pour les deux pays, est ainsi un vulgaire acte de brigandage dissimulé par une habile mise en condition de l'opinion publique », conclut Pierre Péan. Toute ressemblance avec l'Irak n'est pas forcément fortuite...