Rien ne sera plus comme avant. Le sort qu'a subi le petit Yacine n'est pas pour apaiser la douleur de ses parents et de tous ceux qui l'ont connu ou en ont entendu parler. A la cité des 224 Logements de Bordj El Kiffan, l'on n'arrive pas à se faire à l'idée que l'enfant dont le portrait est placardé partout soit retrouvé dans un puits. Il a été enterré hier au cimetière d'El Allia. La consternation se lisait sur les visages des citoyens qui ont accompagné le corps. Au bas de l'immeuble familial, des inconnus se relayaient dans la demeure familiale. Pas facile de faire parler le père. Le regard ailleurs, il n'arrive pas à tenir en place. Sa femme est toujours alitée, difficile pour elle de surmonter ces moments pénibles, elle qui s'en veut toujours d'avoir laissé son enfant sortir de la maison. Et ce ne sont pas les paroles de son voisin le sommant d'aller se reposer qui le décideront à monter dans son appartement au deuxième étage de cette cité qui a eu à accueillir les sinistrés d'un autre drame, les inondations de Bab El Oued. D'ailleurs, l'oncle dont Yacine porte le nom y a péri. « Quoi qu'il en soit, le fait que tu aies trouvé le corps de ton enfant te soulagera d'un poids pesant. Il t'est facile maintenant de porter le deuil », lui lancera-t-il à brûle-pourpoint. Ce même voisin exprime ses doutes en validant la version d'un crime abject auquel ont participé « des gens sans scrupules ». « L'enfant ne sortait pas de chez lui souvent et quand il le fait il n'osait même pas dépasser les limites du trottoir de son bâtiment. Je l'ai vu à plusieurs reprises jouer avec ma fille. Je vois mal le fait qu'ils puissent aller au-delà. A moins que quelqu'un l'ait pris par la main et l'ait poussé dans le puits », assure un autre. Le veilleur de nuit aurait affirmé à la police qu'il n'avait remarqué rien d'étrange et qu'il a lui-même curé le puits, il y a quinze jours. Le gardien dormait dans une baraque en parpaing, non loin du puits. Les effets que les policiers y ont trouvés les auraient troublés : des sandales d'enfants. Eventuel acte de pédophile ? « Fort probable », répond-il. Il reste que ces mêmes policiers ont essuyé les critiques des citoyens. Ceux-ci affirment qu'ils étaient « absents » durant la disparition de l'enfant. Ils n'auraient même pas engagé des chiens renifleurs les premiers jours. Rida, l'oncle de Yacine relève que la piste de l'assassinant est « la seule valable ».