Annoncée pour juillet prochain, la visite de Nicolas Sarkozy en Algérie nourrit déjà une grosse hypothèse. C'est celle du premier pas que fait le président français dans la mise en œuvre de l'Union méditerranéenne dont il entend faire une pierre angulaire de son quinquennat. Nicolas Sarkozy a imaginé ce grand ensemble régional comme substitut à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne à laquelle il se déclare opposé. Il n'en est encore qu'à la démarche exploratoire car, en dépit de l'hostilité française, la Turquie n'a pas encore épuisé ses chances d'avoir gain de cause et il n'est pas garanti qu'elle se contentera, en cas d'échec, du lot de consolation que propose Nicolas Sarkozy à travers l'édification d'une Union méditerranéenne. Même s'il s'agit, dans l'esprit du président français, d'une offre raisonnable que la Turquie ne saurait refuser – lorsque le temps sera venu – il est permis de s'interroger sur les avantages que pourront tirer les autres pays méditerranéens, plus particulièrement ceux du flanc Sud, de ce projet d'Union. Cela vaut davantage encore pour les pays du Maghreb dont la proximité avec l'Europe fait des partenaires stratégiques au moins aussi essentiels que la Turquie. L'Algérie se trouve dans ce cas de figure et, en y venant, le président français ne pourra pas, à l'évidence, faire que vendre son projet d'Union méditerranéenne, tant il y a encore des dossiers pendants entre les deux pays. Indicateur significatif, le traité d'amitié entre la France et l'Algérie s'en est trouvé compromis. Quelle initiative forte pourrait prendre Nicolas Sarkozy qui, en homme concret qu'il se définit, sait que ses interlocuteurs algériens ne vont pas se lancer à tirer des plans sur la comète que représente l'Union méditerranéenne, alors qu'il y a des mesures plus directes et immédiates à impulser dans la relance d'une coopération mutuellement avantageuse pour les deux pays. L'Algérie peut avoir aux yeux du président français l'image d'un pays non dépourvu d'arguments à l'échelle du Maghreb et dans le contexte méditerranéen, mais aussi dans ses échanges avec l'Europe. L'Union méditerranéenne qu'entend promouvoir le président français ne peut pas pour autant dispenser d'un inventaire des relations bilatérales entre les pays constituant le grand ensemble qu'il appelle de ses vœux et dont la réalisation pourrait se heurter à nombre d'écueils, surtout si elle est sous-tendue par des arrière-pensées politiques ou des non-dits. Un tel ensemble ne serait alors qu'une idée dans l'air qui ne prête pas à conséquence.