"Je ne suis pas ici pour m'excuser ni pour blesser, je suis venu en Algérie participer à une entente entre deux peuples souverains qui ont une histoire mouvementée, mais qui aspirent à avoir un regard résolument tourné vers l'avenir". C'est ce qu'a déclaré, hier, le président français, Nicolas Sarkozy, au cours d'un point de presse qu'il a tenu à la résidence d'Etat de Zéralada, en présence du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika. M.Sarkozy qui a choisi l'Algérie comme première destination pour sa tournée dans les pays du Maghreb et qui a pour objectif de promouvoir le projet de construction d'une union méditerranéenne, a tenu à réaffirmer que l'amitié n'est pas une question d'un traité mais elle s'exprime par des actes réalisés sur le terrain en matière de coopération bilatérale dans les différents domaines. "Je ne fais pas partie de la génération du passé et je ne suis pas un enfant de la guerre, je suis venu en ami en Algérie" a-t-il précisé. Dans ce contexte, il a relevé que l'histoire entre les deux pays est "mouvementée" et "pèse lourd", c'est pour ces raisons que le successeur de Chirac pense qu'il faut se tourner vers l'avenir avant d'ajouter que le traité d'amitié n'est pas la solution. Il a ensuite soulevé qu'il est étranger au fait qu'on demande à chacun de changer ses convictions avant d'expliquer qu'il ne peut demander au président Bouteflika de changer sa vision sur le passé qui lie les deux pays, d'autant qu'il fait partie de la génération de la guerre et cela vaut aussi pour lui du fait qu'il est de la nouvelle génération et pense que l'important est de se tourner vers de nouveaux horizons. Nicolas Sarkozy reconnaît qu'il y a eu trop de souffrances : "Je respecte la souffrance des Algériens et je respecte l'Algérie". Néanmoins, il demandera aux Algériens "de respecter de leur côté les souffrances des Français pendant la période coloniale et le plus important est d'éviter de creuser dans l'histoire afin d'éviter de nouveaux malentendus". Il affirme enfin que l'amitié se nourrit de la coopération et non pas d'un traité. Loin de la sensibilité du dossier de l'histoire, les deux chefs d'Etat qui ont pris plus de deux heures pour discuter des question d'intérêt commun, ont évoqués plusieurs points, notamment, la préparation de la visite d'Etat qu'il effectuera en Algérie en novembre prochain, et l'investissement hors hydrocarbures en Algérie. Dans ce contexte, le président français estime que l'Algérie souhaite l'accompagnement de la France dans l'émergence des services, de l'industrie et autres secteurs. Nicolas Sarkozy évoquera également le dossier de la coopération énergétique, notamment dans le gaz et le nucléaire civil. Pour le président français, peu importe la qualification de la liaison entre les deux pays, que ce soit un traité d'amitié, un contrat, un partenariat stratégique, mais l'essentiel c'est le contenu de cet accord qui sera concrétisé dans un délai très proche entre deux Etats souverains. Pour ce qui est de la coopération énergétique, notamment, l'éventuel partenariat entre gaz de France et Sonatrach et la coopération en matière de nucléaire civil, il a annoncé que des propositions concrètes seront faites lors de la visite d'Etat qu'il effectuera en Algérie au mois de novembre prochain. Interrogé sur la question de Sahara occidental, M. Sarkozy a souligné que la France est fidèle à sa position traditionnelle. "J'ai assez de problèmes à régler et je sais la complexité de ce conflit" a-t-il précisé avant d'ajouter que la résolution de l'ONU sur cette question est claire et il faut la respecter tout en affirmant que l'Union maghrébine ne peut être imaginée sans l'Algérie ni sans le Maroc. Concernant la question de l'immigration, il a souligné qu'il y a des progrès à faire, tout en rappelant les actions entreprises dans ce cadre. Pour ce qui est du projet de l'union méditerranéenne, Sarkozy a expliqué qu'il ne s'agit pas d'un substitut de l'Union européenne, ni du dialogue des 5+5, ni du processus de Barcelone mais il est question de la construction de la paix, de sécurité et de développement économique et de dialogue des cultures. Il a annoncé, à ce titre, qu'une réunion des chefs d'Etat des pays des deux rives se tiendra au 1er trimestre de l'année 2008 pour que cette idée ne soit pas uniquement française, tout en soulignant que l'Algérie a une place centrale en Afrique pour le rôle qu'elle joue dans la promotion de la paix, la sécurité et le développement.