L'Association des stomisés d'Algérie (ASA) a été constituée le 8 novembre 1988 par agrément du ministère de l'Intérieur. Elle regroupe en son sein des malades cancéreux porteurs de poches de recueil de selles et (ou) d'urine. Ils sont près d'un millier d'adhérents à travers le pays dont 200 à Tizi Ouzou. « Cette création a été surtout motivée par la marginalisation de ces malades. La majorité d'entre eux portaient des pochettes de lait attachées autour de la taille en guise de poches de colostomie, urostomie et ilestomie. D'autres utilisaient des moyens aussi moyenâgeux », déplore Rachid Rezgui le président de l'association. L'ASA est affiliée à International Ostomy Association et fait partie du groupe Europe de cette instance du fait de l'inexistence d'associations similaires en Afrique et dans les pays arabes. Une caravane de solidarité nationale organisée en 1989 a permis la construction à Tizi Ouzou de la clinique Mohamed Boudiaf en 1992. « Cet établissement est destiné à assurer les contrôles post-opératoires des malades suivant un processus en vigueur dans les pays développés. Nous recevons des cas désespérés en quête de soutien moral. Notre clinique est dotée de 11 chambres, à deux lits, équipées en matériel médical et dirigée par un spécialiste en médecine interne option gastro-entérologie. Elle permet aussi aux stomisés de s'y rencontrer et de se connaître. Cela contribue énormément à la réinsertion et à sortir de l'isolement », ajoute le même responsable. Cependant la clinique éprouve de très grandes difficultés à assurer ses prestations malgré l'apport généreux de quelques bienfaiteurs privés. « Depuis six ans, aucune subvention ne nous a été allouée. Nous recevons des dons, mais ce n'est pas suffisant. Les charges de fonctionnement de notre clinique deviennent très lourdes (charges sociales, énergie et eau, restauration des malades..). On aurait mieux fonctionné avec de meilleurs moyens. Nous avons saisi par écrit plusieurs ministères afin d'attirer leur attention sur cette situation qui influe négativement sur les activités de l'association. Nous n'avons obtenu aucune réponse à ce jour. 80% des malades sont des cancéreux. La plupart sont livrés à eux-mêmes. Je ne sais pas pourquoi refuser une aide financière pour ce genre d'association », explique notre interlocuteur. L'autre volet abordé par M. Rezgui a trait à la commercialisation de la poche pour stomisés. « Le marché de la poche est instable. Il n'est pas aussi organisé que celui du médicament. Pis, on a vu des trabendistes s'ériger en importateurs. Ils font le commerce de la détresse. L'Etat doit protéger le citoyen. Nous comptons beaucoup sur l'apport de l'Onaaph qui affiche une bonne volonté pour régler ce problème ». La hantise du malade c'est la pénurie de ce produit, indique le président de l'Association des stomisés d'Algérie. Il semblerait que même les structures étatiques accusent un manque en la matière. « Un jeune patient qui vient de se faire opérer au CHU n'a pas trouvé de poche. Il a été orienté vers notre structure », fera observer un médecin spécialiste rencontré à la clinique Mohamed Boudiaf. Il faut dire que même lorsque le produit est disponible, son prix n'est pas à la portée des modestes bourses. « Une poche dont le prix ne devrait pas dépasser 120 DA est vendue parfois à 250 DA. Il y a des malades qui utilisent trois poches par jour ». La prise en charge médicale du stomisé est très coûteuse. L'association a distribué plus de 25 millions de dinars (aide en poches) depuis sa création. Les dons parvenaient principalement de FOW Canada (Friends of ostomats worldwide).