“Le gouvernement est très préoccupé par la situation actuelle”, a reconnu M. Cherif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, qui s'est rendu jeudi à Skikda pour suivre les opérations menées par le comité Tell-Bahr et s'enquérir de la situation qui a prévalu au lendemain de l'échouement de trois navires pétroliers sur la côte de Larbi-Ben-M'hidi, le 31 janvier dernier. Deux des trois pétroliers, le Keymar et le Val Bruna, ont été remis à flot, respectivement le 11 et le 12 février. Seul l'Alliance Spirit, un monocoque, a connu un triste sort. Le navire bahamien, qui gît à 500 mètres du rivage de Larbi-Ben-M'hidi et qui risque de se briser en deux des suites d'une fissure de près de 15 mètres, vient d'être remis entre les mains de l'entreprise hollandaise de sauvetage Smit.Ca qui procédera, probablement, au découpage de l'Alliance Spirit qui sera remorqué et coulé dans les eaux internationales. C'est ce que nous a déclaré un des responsables de cette entreprise de sauvetage. Smit Salvage, qui a acquis une grande expérience dans le domaine, rendue célèbre par le renflouage du sous-marin nucléaire russe le Koursk, procédera d'abord, selon la même source, au déchargement du navire qui contient 13 000 tonnes de produit pétrolier en plus de quelque 1 500 tonnes de fuel, 85 tonnes de gasoil et 61 890 litres de lubrifiants. L'opération consistera en la vidange de 20 tonnes par heure. Ce qui nécessitera près de trois jours de travail qui se fera grâce à une barge venue d'Italie, secondée par une autre algérienne appartenant à Naftec. Ces deux barges, qui feront le bord à bord, seront mobilisées H24, comme a tenu à le préciser M. Cherif Rahmani, compte tenu de l'urgence de la situation. Quatre pompes seront mises en fonction afin d'assurer le transbordement de la dangereuse cargaison, permettant ainsi la vidange de l'Alliance Spirit en un jour et demi, puisque la barge opérera à raison de 40 000 m3/h. Un risque d'explosion n'est pas à écarter, craint-on, du fait de la présence de gaz, d'autant que sept ballasts sur les huit ont été inondés, selon le commandement du navire, mettant ainsi hors de service les équipements de sécurité de lutte contre l'incendie dont est doté le bateau. Le déchargement ainsi que le découpage prendront, selon la même source, trois à quatre semaines, en fonction de la météo. Smit.Ca, qui bénéficie, selon l'un de ses responsables, de toute l'aide des autorités locales qui ont tenu à faciliter la tâche à cette entreprise, effectuera le sauvetage en dépêchant une équipe de plongeurs qui aura à estimer le cas du navire et décider si oui ou non cette épave peut être récupérée en une seule pièce ou si elle doit être découpée en deux. Par ailleurs, du côté de la partie algérienne, des décisions ont été prises par le ministre qui s'est réuni pendant près de trois heures avec le comité local de Tell-Bahr, annonçant le maintien en open du plan Tell-Bahr. A. B. Remis à flot Le Val Bruna quitte Skikda Le Val Bruna, navire battant pavillon italien, ayant échoué le 31 janvier, aux environs de minuit, sur les côtes de Skikda, des suites de la tempête qui a sévi sur la région, a été remis à flot. Après d'âpres tractations, le navire italien a pu obtenir l'autorisation de quitter les eaux territoriales et voguer vers la haute mer dans l'après-midi de jeudi, éloignant avec lui le danger d'une éventuelle pollution de la côte. Un véritable “combat juridique” a précédé le départ du Val Bruna tenu de régler certaines questions, notamment financières, représentant, d'un côté, les honoraires des services rendus par l'Entreprise portuaire de Skikda (EPS) et, d'un autre, le versement d'une caution bancaire exigée par l'Inspection de l'environnement. Il s'agit d'un montant de 92 000 dollars US que l'armateur du navire a accepté de verser à l'EPS, par un engagement écrit, et ce, en plus du dépôt d'une caution de 1 million de dollars en guise de garantie. L'inspecteur de l'environnement a fait montre d'une haute maîtrise de la situation en donnant un traitement exceptionnel à ce dossier. Une expertise qui sera probablement désignée par la justice déterminera, à cet effet, les dégâts causés à l'environnement des suites du déballastage des cuves du navire qui a dû être allégé de son poids avant d'être tiré par les remorqueurs. Des galets de goudron ont fait leur apparition sur la plage, astreignant les éléments de la Protection civile à une mobilisation pour la nettoyer. La situation a fini par trouver un dénouement qui a permis au Val Bruna de quitter les eaux territoriales, autorisation accordée par l'autorité portuaire en début d'après-midi. Le Val Bruna, qui transporte à son bord près de 980 tonnes de fuel, 170 tonnes de gasoil et 70 000 litres de lubrifiants, représentait un danger pour l'environnement du fait de certaines avaries constatées au niveau de sa coque. La fermeté de l'EPS, qui était décidée, par précaution, de permettre au navire de quitter les eaux territoriales de Skikda et d'effectuer une saisie conservatoire sur le prochain navire appartenant au même armateur qui entrera au port de Skikda, a fini par payer, puisque l'armateur a versé les montants exigés par les parties algériennes. A. B.