L'Aedes aegypti, moustique vecteur de la fièvre jaune, n'aura bientôt plus de secret pour les chercheurs. Le magazine Science révèle que des scientifiques ont séquencé son génome. Anna-Bella Failloux, spécialiste du moustique, décode cette découverte. Séquencer le génome d'un moustique, en quoi est-ce une découverte importante ? On s'est aperçu que le génome d'aedes aegypti était d'une taille très importante : il contient 15000 gènes répartis sur 1300 mégabases (million de bases, la base étant une molécule entrant dans la composition des acides nucléiques, constituant de l'information génétique) alors que l'Anopheles gambiae, vecteur majeur du paludisme dont le génome a été publié en 2002, ne présente que 273 mégabases. A partir de là, les scientifiques vont pouvoir déterminer la fonction de ces différents gènes. Essayer de comprendre comment L'Aedes aegypti réagit à l'infection virale, quels sont les gènes qui sont impliqués…, font partie des questions auxquelles les scientifiques vont tenter de répondre. On sait qu'une femelle moustique une fois contaminée le reste toute sa vie, à la différence des mammifères. Alors comment un insecte arrive-t-il à vivre avec un virus alors qu'un mammifère tombe malade ? Ces derniers mois, les scientifiques ont aussi réussi à séquencer le génome de marsupiaux et de singes. Est-ce que ces avancées vont permettre de mieux soigner les hommes ? Le séquençage est une technologie absolument bien maîtrisée. Cela dit, la connaissance du génome ne suffit pas pour combattre le paludisme. C'est avant tout une maladie des pays pauvres, liée aux conditions d'hygiène déplorables et à la surpopulation. Bref, lutter efficacement contre le paludisme relève plutôt d'une amélioration du niveau socio-économique d'un pays. Le séquençage des génomes nous donnera avant tout des outils pour mieux comprendre de quelle manière les moustiques vecteurs transmettent certains virus ou parasites. D'autres séquençages de génome de moustiques sont-ils en cours ? Les prochains sur la liste seront sans doute L'Aedes albopictus, car comme L'Aedes aegypti, il est vecteur d'arbovirus (dengue, chikungunya...), et le Culex quinquefasciatus, responsable de filarioses lymphatiques (parasitose causée par des vers). Mais il faut savoir que ces recherches prennent beaucoup de temps et coûtent très cher. Ce n'est jamais le fait d'un seul laboratoire mais d'un consortium international.