L'Algérie est loin d'être absente du rapport d'information du Sénat français « action extérieure de l'Etat », présenté jeudi à Paris, et consacré à « un contrôle sur pièces et sur place de l'administration des visas ». L'enquête consistait à vérifier comment l'administration pourrait mieux encadrer cette mission et la rendre plus performante et efficace : en résumé en évitant au maximum les faux visas « migratoires », tout en diminuant le coût pour les finances publiques. Si la délégation sénatoriale n'a pas enquêté physiquement en Algérie, elle a adressé aux consulats français en Algérie un questionnaire. Ainsi, le sénateur Adrien Gouteyron (UMP) souligne d'abord une « contraction de la demande algérienne liée à une amélioration de la situation du pays », mais néanmoins épingle plus loin Alger et Annaba qui, sur les consulats français examinés, ont le taux le plus important de visas refusés. Si, en moyenne, 13% seulement de la demande est refusée par les consulats français de par le monde, ce taux passe à 43,98% (sur un total de 159 348 demandes) pour Alger, 47,82 % (sur 83 181 demandes) pour Annaba. Ces chiffres sont à comparer avec les 98,40% de sésames accordés pour Saint-Péterbsourg, ou pour Beyrouth 83,32%, Shangaï 89,88%, Bombay 96,57%, Genève 97,74%, Taïpei 99,78% (pour 70 726 demandes), Casablanca 83,49%, Tunis 87,56%, Pékin (sur 102 561 demandes) 91,06% et Istanbul (106 085 demandes) 96,55%. Les requérants algériens représentent d'ailleurs 25% des 4200 recours en 2006, devant la commission ad hoc (50 % sont Marocains). Il est au passage suggéré que les doléances seraient plus nombreuses si les voies de recours étaient indiquées aux demandeurs de visas. Le rapport sénatorial aborde aussi les personnes éloignées à la frontière en 2005. « 16,5 % avaient pu entrer sur le territoire grâce à un visa de nos consulats. 16,5 % : en quelque sorte le taux d'erreur des consulats ». Il est tout de même précisé que le premier pays de destination des reconduites à la frontière est un pays sans visa (Roumanie). Avec 36,5 % de « taux d'erreur » (visas accordés à des voyageurs qui ne reviennent pas au pays), l'Algérie, selon ce rapport, est en tête, devant le Mali 31,8 %, la Côte d'Ivoire 20,7 % et le Maroc 19,6 %. L'Algérie n'a heureusement pas tout faux dans ce rapport. Notre pays n'est pas cité pour ce qui concerne « une fraude documentaire endémique : 30 à 80 % des actes vérifiés sont frauduleux dans des pays tels que le Sénégal, la Côte d'Ivoire, les deux Congo, le Togo, Madagascar ou les Comores. Cette fraude touche les actes officiels d'état-civil et les jugements (destinés à combler l'absence d'un acte de naissance). » Le rapport aborde le coût complet d'instruction d'un dossier de visa : 35 euros en 2006 (60 euros en 2007), à mettre en comparaison avec le coût unitaire d'un éloignement d'un étranger en situation irrégulière (1801 euros). Enfin, les sénateurs voient d'un bon œil la création du ministère de l'Immigration qui « doit susciter une culture de travail commune aux services en relation avec les phénomènes migratoires ». A voir.