L'institut de formation professionnelle (IFP) portera, à compter d'aujourd'hui, le nom de feu Sanhadri Abdelhafid, ancien ministre du travail et porte parole du Conseil national de la sauvegarde de l'Algérie (CNSA). C'est à l'occasion de la fête de l'indépendance et de la jeunesse que le comité local de classification des édifices et établissements publics a décidé de baptiser l'IFP au nom de cet enfant de la ville, assassiné le 14 mars 1993 à Alger, par un groupe terroriste. Une cérémonie officielle est prévue pour la circonstance, au niveau de l'institut sis au quartier Bouazza El Gharbi. Né à Sidi Bel Abbès le 26 décembre 1955 (une date prémonitoire), Hafid Sanhadri fut l'aîné d'une famille de 5 enfants. Son père, modeste fonctionnaire, s'installe au tout début des années 60 au quartier St pierre (Oran) avant de regagner Alger, quelques années plus tard. C'est d'ailleurs au lycée Lotfi que Hafid décroche son baccalauréat. En 1973, il s'inscrit à l'université d'Alger où il suit des études supérieures en sciences politiques. Son diplôme en poche, il exerce dans différentes entreprises publiques dont l'ex-Sonatiba et finira par opter pour la carrière de fonctionnaire. On le retrouve au ministère du Travail, puis à l'éducation nationale et, enfin, directeur de cabinet au ministère de la Formation Professionnelle. En février 1989, c'est l'ouverture du champ politique, avec la reconnaissance du multipartisme et du libre exercice de la pratique politique et syndicale. C'est dans ce créneau sensible qu'interviendra Sanhadri à travers la mise en place de l'association nationale des cadres de l'administration publique dont il fut le premier responsable. Il se fait connaître du grand public, en cette fin d'année 1991, quelques jours après le premier tour des élections législatives du 26 décembre. Au journal télévisé de 20 h, la journaliste présente aux téléspectateurs un jeune homme de 36 ans, sérieux, au visage calme et serein, malgré la gravité de la communication qu'il avait à faire. Ce jour-là, Hafid devait annoncer la naissance du CNSA. Il formulera pour le compte des membres du comité la ferme résolution de défendre la République et annoncera l'arrêt du processus électoral, tout en appellant la société civile à soutenir la démarche du CNSA. La vie politique s'emballe et de grandes manifestations sont organisées à Alger. Le président Chadli démissionne. L'arrivée de Boudiaf provoque un sursaut citoyen. Une autre vision de la politique est alors initiée. Hafid Sanhadri est appelé à faire partie du conseil consultatif national (CCN). A ce titre, il sera membre du conseil parlementaire maghrébin et représentera l'Algérie à l'étranger en de nombreuses occasions. Cela ne l'empêche pas pour autant de contribuer à lancer l'idée de créer le Rassemblement patriotique national (RPN), un projet cher au président Boudiaf. Le 14 mars, Hafid Sanhadri est assassiné à Alger. C'est la première fois que les « 'terroristes » s'en prennent à une personnalité politique civile. Le 16 du même mois, un autre intellectuel belabesien, Djilalli Liabès, ancien ministre, connaît le même sort.