Faïza Guène, auteure d'origine algérienne, est revenue sur les pas de ses parents. La résidente de Pantin est à Alger à l'occasion de la sortie son dernier roman Du rêve pour les oufs, réédité aux éditions Sédia. Agée de vingt-deux ans, Guène, de parents originaires d'Oran, sort un deuxième livre tout aussi époustouflant que le premier. On y trouve toujours la même fougue et le même regard désabusé porté sur la société française qui voit les émigrés « comme des barbares sans ancrage », assure-t-elle. La beurette qui refuse les étiquettes que tendent à lui coller les médias français a écrit un premier roman, Kif kif demain, vendu à plus de 23 000 exemplaires et traduit dans 22 langues. Elle reste toujours lucide ; le succès ne lui est pas monté à la tête. La mission à laquelle elle s'astreint est de redonner une « normalité » aux banlieues. Les journalistes sont souvent montrés du doigt. PPDA, l'animateur vedette qui l'a invitée, lui a demandé son avis sur le tchador, relève-t-elle. C'est dire que l'Arabe n'a pas d'autre souci que ceux des tailleurs. Elle avoue avoir été désarçonnée, elle qui croyait qu'elle ne sortirait jamais de sa cité. Une certaine presse a parlé de Sagon des banlieues. Cela nous ramène au moment de la sortie de Nedjma. Kateb Yacine a été comparé à Rimbaud. L'Arabe ne goûte pas au beau aux yeux d'une certaine critique. Lors de son passage au CCF d'Alger, cette jeune pleine de ténacité a réussi à prendre le contrepied de ceux qui ne parlent pas des maux véritables dont souffre la nouvelle génération. L'écrivaine de Kif kif demain(1) veut voir au-delà des barres d'immeubles de sa cité. Elle rappelle dans la présentation de son ouvrage que les mots qu'elle adopte sortent sans qu'elle s'en aperçoive. ça coule de source, assure-t-elle. Point pour cette jeunette de s'essayer d'entrer dans des schémas préétablis. Il suffit pour elle de marcher dans la rue pour capter une masse d'images, mais qui s'y intéresse, semble-t-elle dire. La langue maternelle est revue et corrigée. Agée de 24 ans, Ahlem, héroïne désabusée du livre, fait le récit de sa vie. Les parents qui ont quitté leur pays natal méritent plus d'indulgence de la part des enfants dont la responsabilité est pleinement engagée.