La Russie a réaffirmé hier qu'un bouclier antimissile américain en Europe constituerait une « menace sérieuse » pour sa défense et qu'une entrée de la Géorgie et de l'Ukraine dans l'Otan aurait un impact sur ses relations avec l'Alliance atlantique. « Si l'on prend en considération la possibilité de changer les paramètres des systèmes antimissiles pour en faire des armes offensives, le projet de bouclier peut constituer une menace sérieuse pour les Etats du Traité de sécurité collective » (sept pays de l'ex-URSS), a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Andreï Denissov, cité par l'agence de presse Interfax. « L'entrée de la Géorgie et de l'Ukraine dans l'Alliance (atlantique) ne peut pas ne pas avoir d'effet sur nos relations avec ces pays, ainsi qu'avec l'Otan dans son ensemble », a-t-il ajouté. La Russie ne voit pas « d'arguments rationnels à l'élargissement (de l'Otan vers l'est) du point de vue des intérêts de la sécurité de ses Etats membres », a insisté M. Denissov. « Il est évident que cela ne va pas contribuer à renforcer l'atmosphère de confiance et de coopération en Europe », a-t-il poursuivi. La Russie ne cesse de dénoncer l'élargissement de l'Otan à ses frontières, après l'adhésion des trois Etats baltes à l'alliance en 2004. Le Traité de sécurité collective réunit la Russie, l'Arménie, le Belarus, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Quant au bouclier antimissile, les Etats-Unis ont décidé jeudi d'ignorer la menace de Moscou de déployer des missiles aux frontières de l'Union européenne si Washington n'accepte pas l'alternative russe à son projet de bouclier antimissile. Le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, a qualifié de « regrettables » les propos du vice-Premier ministre russe, Sergueï Ivanov, menaçant de déployer des missiles dans l'enclave de Kaliningrad, entre la Pologne et la Lituanie, si des dispositifs antimissiles américains étaient déployés comme prévu en Pologne et en République tchèque.