Amman, la blanche qui respire la prospérité est devenue, ces dernières années, la première place financière du Moyen-Orient et une étape touristique de choix. Le déclin de Beyrouth et l'invasion de l'Irak sont à l'origine de l'envol de la bouillonnante, active et commerçante, cité. Ses belles et larges artères sont bondées de voitures japonaises, surtout. La densité du trafic n'incommode nullement les conducteurs respectueux du code de la route. En parfait état, bien entretenue, et éclairée, l'infrastructure routière, dotée en double voie, et d'une multitude de ponts et trémies en harmonie avec un environnement bien protégé, atténue les effets pervers des bouchons et des embouteillages envenimant la vie des automobilistes de nos grandes agglomérations qui suffoquent. Avec un tel réseau routier, digne des grandes villes de l'oncle Sam, le déplacement à travers la cité, installée sur de nombreuses collines, est un exercice facile pour les milliers de taxis (estimés à plus de 6000) et pas du tout onéreux pour ses usagers. En plus des tarifs bas, le sourire et l'amabilité caractérisent ces taximen et guides touristiques à la fois, n'oubliant jamais d'ouvrir les débats sur le désir ardent des Jordaniens voulant faire et à juste titre du site de Petra la huitième merveille du monde. La mobilisation est à cet effet générale. Le manque en ressources naturelles, eau et produits énergétiques, le pétrole surtout, n'affecte paradoxalement pas l'économie de la capitale et du royaume en général, s'appuyant essentiellement sur un secteur privé omniprésent. La pauvreté n'est pas apparente dans les grouillantes rues bourrées de monde dès 17h. A partir de cet instant et jusqu'à une heure tardive de la nuit, les opulentes artères de Djebel Hussein, Essoufia, Djebel Amman et bien d'autres boulevards, pléthoriques en magasins et grandes surfaces de célèbres griffes, ne désemplissent pas. Les touristes, friands de produits du terroir (cafetières, théières, narguilé, keffieh (coiffe traditionnelle), tapis, jallabien et bouteilles de sable) sont vite repérés par des commerçants affables et très bons promoteurs du produit local et des vestiges (la citadelle, le musée archéologique, le théâtre romain, la mosquée Bleu intégrés dans l'industrie touristique, dont les recettes représentent 11% du PIB national. Ce secteur, principal source de devises du pays, n'a pas été, nous dit-on, trop affecté, par les attaques terroristes de novembre 2005. Amman, qui ne manque pas d'idées, a beaucoup investi dans le tourisme des colloques et séminaires d'un certains rang. Le palais des congrès du roi Hussein, implanté dans le territoire de la mer Morte qui a abrité, le 18 mai 2007 et pour la 4e fois consécutive le forum économique mondial, illustre parfaitement la tendance. La bourse, une institution dynamique Afin d'attraper la movida qui touche Dubaï, Amman, où l'on construit tours, centres commerciaux, hôtels clubs, logements et infrastructures ultras modernes, est un immense chantier. Le respect des délais de réalisation et de l'urbanisme est une religion en ces lieux qui avancent à grandes enjambées. L'afflux d'un million de touristes a fouetté le marché du travail d'un secteur qui a créé en 2006 plus de 31 000 nouveaux emplois. Le dynamisme, qui caractérise la cité, a dopé le prix du mètre carré qui est passé de 30 dinars (1DJ = 1,08 euro) à 150 dinars jordaniens. L'exil de plus de 500 000 Irakiens n'est pas étranger à l'envol des prix du mètre carré, du loyer et produits alimentaires : « L'arrivée massive d'Irakiens, qui ont injecté des millions de dollars, a fortement secoué le pouvoir d'achat du Jordanien moyen ne pouvant continuellement supporter la flambée des prix des produits de base ayant atteint à la fin du trimestre de l'année en cours les 14% », précise un économiste, estimant par ailleurs que son pays a tiré profit de la crise irakienne : « De nombreuses entreprises de l'agroalimentaire et de matériaux de construction ont transféré leurs activités vers la Jordanie qui attire en sus les capitaux des pays du Golfe ayant à titre d'investissements directs injecté depuis 2004 plus de 4 milliards de dollars », rétorque notre interlocuteur, soulignant au passage que le taux de croissance de son pays a atteint ces derniers temps les 10%. « C'est le plus important seuil jamais atteint ces dernières années au Proche- Orient », indique-t-il avec fierté. Et pour donner plus de crédits à ses propos, notre ami nous invite à faire un tour du côté de la Bourse d'Amman. La dynamique institution a, rien que pour le mois d'avril 2007, enregistré en transactions commerciales un chiffre d'affaires de 32,4 milliards de dollar, dont 70% sont issus du secteur financier. Et pour prévenir tout risque terroriste, le voyageur, bifurquant par l'aéroport de la reine Alia, est soumis à un véritable interrogatoire. La police des frontières jordanienne utilise les méthodes US (la caméra et les empreintes sont de rigueur). Les établissements accueillant le public, les hôtels et les centres commerciaux renforcent leur dispositif sécuritaire Ce volet est l'autre préoccupation majeure du royaume hachémite. Les militaires bien équipés et renforcés par des blindés stationnent devant certaines institutions publiques. Les sujets de sa majesté adhèrent. « N'ayant ni foi ni loi, le terrorisme, générateur de trafiquants d'armes et de drogues, est un microbe nuisible qu'il faut éradiquer. Les mesures prises par le gouvernement, qui prévoit vers 2015 plus de 2,5 milliards de dollards, à titre de recettes du secteur touristique, est en train de gagner la bataille », précise Mahmoud qui nous fait découvrir les coins et recoins de Amman la belle et propre qui fait du respect des spécificités urbanistiques une autre religion. Le crépissage ne fait pas le poids devant les pierres jaunes qui embellissent les façades des villas, des immeubles et des infrastructures étatiques. Faisant à l'instar des autres régions du pays, face à l'épineux problème d'eau, la blanche n'est, nous dit-on, approvisionnée en précieux liquide qu'une fois par semaine. Cet aléa n'affecte en rien l'esthétique d'une propre et bien entretenue cité. Les chats et chiens errants, qui infestent nos rues, déclarent en ces lieux, bien gérés, forfait. La tolérance distingue la ville. Ses lieux de culte des religions musulmane et chrétienne cohabitent en parfaite harmonie. Servie dans les hôtels haut standing ou non, la bière, qui achalande les rayons des grandes surfaces et supérettes, n'est sujette d'aucune polémique. Ayant l'embarras du choix, les Ammanais passent leur week-end du côté de la mer Morte, bien gardée par des militaires, omniprésents à travers les différents barrages placés entre la capitale et ce point jouxtant les territoires occupés. Les beaux jardins du roi Abdallah, situés au niveau l'avenue de la ville médicale (Charaâ El Madina Etibiya), ne désemplissent pas. Tout comme le parc d'attractions, fief de clubs, de discothèques branchées, accueillant une clientèle très disciplinée, ne trouble en aucune manière l'ordre public.