Comme prévu, la rencontre interlibanaise de la Celle Saint-Cloud près de Paris n'a pas débouché hier sur des résultats spectaculaires. Le ministre français des Affaires étrangères a juste annoncé qu'il se rendra le 28 juillet - pour « au moins deux jours » - à Beyrouth afin de poursuivre un « dialogue amorcé » entre les partis politiques libanais. Lors de la conférence de presse, hier en fin de journée à l'issue de la réunion informelle à huis clos qui a duré deux jours, M. Kouchner a déclaré que les participants libanais se sont engagés à « ne pas utiliser la violence à des fins politiques ». Selon des sources libanaises, la trentaine de délégués de 14 formations pro-gouvernementales ou d'opposition ont été d'accord pour adopter « un code d'honneur dans l'utilisation des médias », pour assainir un climat interne tendu. Les délégués - dont les échanges étaient « parfois tendus mais fraternels », selon des sources libanaises - ont également « souligné la nécessité de ne pas bloquer le processus institutionnel et le dialogue a porté sur l'élection présidentielle - prévue le 25 septembre - et sur la formation d'un gouvernement national représentatif du Liban dans ses principales composantes », a ajouté M. Kouchner. « Ce dialogue se poursuit entre les Libanais sur le territoire libanais (...). Je crois qu'ils ont brisé la glace. Je crois qu'ils étaient très heureux de se parler », a indiqué le chef de la diplomatie française. Mais la position de Paris, comme l'ont souligné à maintes reprises des parties libanaises dont le président du Parlement Nabih Berri, souffre de partialité. Attitude paradoxale avec l'offre de dialogue de Kouchner. Illustration de cette partialité, les déclarations faites hier à Beyrouth par le ministre français de la Défense en déplacement, Hervé Morin, qui a réaffirmé le soutien de la France au gouvernement contesté du Premier ministre Fouad Siniora. Pour revenir à la conférence de presse, M. Kouchner a indiqué que les 14 formations présentes à ces entretiens ont « réaffirmé leur attachement au plein respect des fondements de l'Etat libanais, à la souveraineté, à l'indépendance » et ont aussi exprimé « le rejet de toute tutelle extérieure », a poursuivi le ministre. Interrogé pour savoir s'il pensait que les deux soldats israéliens capturés par le Hezbollah en juillet 2006 étaient en vie, le ministre français a répondu : « J'ai vraiment compris que oui. » « J'ai évoqué cette question. J'ai reçu l'assurance que les négociations (pour leur libération) continueraient, qu'elles étaient en bonne voie, en particulier avec les Nations unies », a-t-il ajouté. Il a précisé que la délégation du Hezbollah avait également évoqué la question des prisonniers palestiniens et libanais détenus dans les prisons israéliennes. A rappeler qu'Israël refuse tout échange de prisonniers et a prétexté cette capture pour agresser le Liban l'été dernier faisant 1200 morts dont une majorité de civils. M. Kouchner a par ailleurs ajouté que l'émissaire français, Jean-Claude Cousseran, se rendrait à nouveau à Beyrouth ce mercredi. Interrogé pour savoir si l'émissaire irait à Damas, une capitale qu'il a jusqu'à présent évitée au cours de sa mission, M. Kouchner a répondu : « Nous verrons bien s'il doit se rendre en Syrie. » Le chef de la diplomatie française a déclaré également qu'il aurait souhaité que le secrétaire de la Ligue arabe, Amr Moussa, soit présent à la Celle Saint-Cloud.