Aux Etats-Unis, on apprécie le projet de création d'une « Opep du gaz » à sa juste menace ! « Nous ne devons pas laisser apparaître un nouveau groupe de maîtres chanteurs, à l'instar de l'Opep, qui ne manquera pas d'accaparer les fournitures mondiales de gaz naturel et de les placer sous son contrôle », a déclaré mercredi le représentant républicain Don Manzullo, lors de l'adoption de la loi visant à « contrecarrer la création d'une Opep du gaz ». « Dissuasive », la loi qui a été adoptée par la chambre des représentants, par deux tiers des voix, considère désormais toute initiative visant à créer un « cartel » ou tout autre « mécanisme » de manipulation du marché mondial du gaz comme une « démarche inamicale menaçant la sécurité des Etats-Unis et du monde entier ». Washington marquera ainsi, avant même la concrétisation de l'idée d'une Opep du gaz, sa franche hostilité. Le projet, lancé depuis plusieurs mois et endossé par plusieurs grands producteurs dont la Russie, l'Iran, le Venezuela et le Qatar, est accueilli avec une « salve » de menaces, tant il constitue, aux yeux des responsables américains, un péril certain pour l'économie des Etats-Unis. La création d'un cartel débouchera, selon Manzullo, sur une « hausse des prix » qui se répercutera négativement sur l'industrie d'armement américaine et aura un effet « particulièrement catastrophique » sur l'industrie chimique et la production des matières plastiques et des matériaux composites. « Des substances issues du gaz naturel sont largement utilisées dans l'industrie d'armement. Une coupure des livraisons compromettra la base de l'industrie d'armement américaine et affectera nos capacités de défense », a plaidé le parlementaire. Rappelons que l'Union européenne a adopté la même position de refus du rapprochement des pays producteurs du gaz, avec d'autres arguments liés, notamment, au souci de garantir son « indépendance énergétique ». Le rapprochement en question a pris corps dès août 2006, date à laquelle Sonatrach et le géant russe Gazprom avaient paraphé d'importants accords gaziers, considérés par certains pays de l'UE, l'Italie et la France en l'occurrence, comme les « prémices d'une Opep du gaz ». Une « prétention » que l'Algérie a vite fait d'enterrer. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, en avait écarté, dès janvier dernier, l'idée, du moins dans l'immédiat. « Il est très difficile de parler d'une Opep du gaz car le marché gazier est différent du marché du pétrole (…), car si le marché du pétrole est liquide et répond à l'offre et à la demande, celui du gaz est régional, asiatique, européen et américain et rigide », a déclaré M. Khelil à l'issue de ses entretiens avec le ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, Victor Khristenko, en visite en janvier dernier en Algérie.