M. Chetibi est directeur des travaux publics. La direction, située à la rue de Tripoli à Hussein Dey, domine la mer sur le versant est de la capitale. Rejoint par ses collaborateurs dans un vaste bureau, le directeur, originaire de Jijel, répétera à plusieurs reprises « qu'il est un service public ». Pourquoi venir détruire la corniche alors qu'il existe d'autres sites sur lesquels vous auriez pu aménager les plages naturelles existantes ? Nous ne détruisons pas aux Travaux publics : nous construisons, nous aménageons. Mais, avant cela, il faut savoir que nous avons à charge de respecter la législation qui interdit la construction à moins d'une distance établie du bord de mer. C'est ainsi que les travaux commencés à la Madrague font suite à ceux entamés à Zeralda, Bordj El Kiffan, Bab El Oued, Ain Taya et visent à protéger les riverains et leurs habitations menacées par l'érosion de la mer. L'exemple est frappant à Ain Taya où des maisons étaient sur le point de s'effondrer. Accessoirement, il s'agissait également de créer une plage puisque la plage d'El Djemila a été aménagée en port. Pouvez-vous nous donner les indications techniques de la plage artificielle d'El Djemila (la Madrague) ? La plage fera 6000 m2 avec une promenade maritime de 300 m linéaires et une largeur variable entre 25 et 30 mètres. Nous n'avons pas l'exclusivité de ce genre de travaux puisque cela se pratique, depuis longtemps, au Portugal et en Espagne. C'est, d'ailleurs, un bureau d'étude portugais qui a la charge du projet. Des études préalables ont-elles été entreprises ? Il y a toujours eu des études et un suivi permanent sur les 79 km de côtes algéroises qui vont de Mazafran à l'oued Reghaïa avec ses 7 infrastructures portuaires que gère la direction des Travaux publics. Nous avons fait des études préalables avec vérification sur modèles réduits et simulation des vagues en laboratoires. Que répondez-vous à l'association des Amis de la Madrague qui regrette de ne pas avoir été consultée ? Il est vrai que nous n'avons pas la culture d'associer et de communiquer et c'est un tort mais ma porte est ouverte et je rappelle que nous sommes un service public. Combien cela coûtera-t-il ? Nous avons eu une enveloppe de 900 millions de dinars mais le marché a été passé à 830 millions de dinars. C'est moitié moins cher qu'un hôtel. Tout en sécurisant la côte ouest, on va jumeler la plaisance à la pêche et on ne peut pas faire d'omelette sans casser des œufs. Il ne faut pas y voir que les aspects négatifs mais porter un regard d'ensemble.