Confrontée à l'afflux de clandestins venus majoritairement du Maghreb et d'Afrique subsaharienne, l'Union européenne cherche à endiguer ce phénomène la manière forte et le “dialogue” avec les pays d'où provient cette immigration indésirable. La France a proposé à ses partenaires “le pacte européen pour l'immigration et l'asile” qui a été validé par Bruxelles, sans état d'âme. Cet accord verrouille les frontières européennes aux africains dont elle veut la caution des dirigeants avec un petit volet consacré au développement solidaire. Le dispositif de la France, devenu celui de l'UE, a été clair dès le début : organiser l'immigration légale, bâtir une Europe de l'asile et compenser l'adhésion des régimes africains par des aides au développement des pays d'où viennent les immigrants. Si les mesures restrictives comme les contrôles aux frontières ont recueilli l'adhésion des Européens, les notions de co-développement et de développement solidaire que comporte cet accord ne resteront que de la propagande, surtout maintenant que les 27 doivent faire avec la récession économique. D'ailleurs, il ne s'était trouvé que l'Espagne et la France à défendre l'idée d'une assistance au co-développement. Le ministre français de l'Immigration, Brice Hortefeux, aura été le seul ministre européens à avoir prospecté dans les pays africains, pour vendre la politique de Nicolas Sarkozy. Contre des promesses d'aide au développement, Hortefeux a offert des contrats sur la gestion des flux migratoires qui s'articulent autour de trois volets “indissociables” : la lutte contre l'immigration irrégulière, l'organisation de la migration légale (sous le vocable d'immigration choisie, avec des contrats de séjour) et le co-développement rebaptisé développement solidaire. Cinq pays africains ont déjà adhéré à ce traité. Après la Tunisie, le CongoBrazzaville, le Sénégal, le Bénin, le Gabon est le dernier en date à avoir signé un accord avec la France. L'Afrique serait-elle complice de cette supercherie ? À l'évidence, cette entente ne favorise pas les pays africains. Le volet sur la migration légale s'inscrit parfaitement dans la politique d'immigration choisie qui vise à siphonner les cerveaux africains et la main-d'œuvre qualifiée. Un pillage de ressources humaines. Les accords proposent plusieurs dispositions comme les visas de circulation, les visas de court séjour, qui ne sont applicables qu'à des personnes hautement qualifiées (hommes d'affaires, sportifs de haut niveau, artistes) et, cerise sur le gâteau, les cartes compétences et talents pour appâter la crème. Une catastrophe pour l'Afrique. Le CongoBrazzaville et le Bénin, qui on cédé, auront droit à 150 cartes par an. Le volet co-développement ou développement solidaire semble avoir représenté l'argument de vente de la loi franco-européenne. Dans l'accord passé avec le Bénin, l'offre de coopération en matière de santé a décidé ses autorités. Même chose pour la Tunisie. Dans l'accord avec Paris, Tunis pense trouver son compte dans des aides à l'éducation, la recherche scientifique et technologique, la santé, la culture, l'environnement, le développement rural, l'agriculture et le tourisme. Paris vise 20 signatures de ce type, mais c'était avant la crise financière. Et puis, le programme 2008 dédié au co-développement est de 29 millions d'euros ! Même pas une goutte d'eau. D. B.