Dans une interview à l'hebdomadaire, Jeune Afrique, à paraître aujourd'hui, le ministre français de l'Immigration, M. Brice Hortefeux, a souligné que “la politique d'intégration a été globalement un échec”. Rouvrant le débat controversé liant immigration et identité nationale, le ministre français a noté que “depuis une trentaine d'années, la politique d'intégration a été globalement un échec”. Il a cité le cas du fort taux de chômage qui touche la population française issue de l'immigration pour en déduire que “tous les signaux montrent qu'il y a un déficit d'intégration” qu'un “plan banlieue”, récemment lancé par le président français, M. Nicolas Sarkozy, souhaite résorber. Cet échec du modèle français d'intégration, qui s'est traduit par des émeutes dans les banlieues, et interprété par les politiques et les associatifs français comme la résultante des différentes formes de discrimination, notamment à l'embauche et à l'éducation, liées au racisme et à la xénophobie, justifie au yeux du ministre français la nécessité d'une “maîtrise de l'immigration” que les défenseurs des sans-papiers jugent par trop “musclée et anxiogène”. Assurant que “la France n'est pas raciste”, M. Hortefeux a évoqué les grands axes de sa politique gravitant autour du refus de la régularisation massive des sans-papiers et l'objectif d'environ 25 000 expulsions par an, de la gestion d'une trentaine de centres de rétention abritant dans des conditions précaires les migrants en attente de reconduction dans leur pays d'origine, du recours très contesté aux tests ADN pour le regroupement familial, et des quotas d'immigration pour les seuls besoins de l'économie française. À une question sur la politique d'aide au développement qui pourrait, “par des investissements créateurs de richesses et d'emplois dans les pays d'origine, aider à mieux gérer les flux migratoires”, le ministre français de l'Immigration a estimé que cette question ne relève pas de son “domaine” de compétences. “Je ne gère pas l'aide d'Etat à Etat mais l'aide à des projets, à des individus”, a-t-il dit. Par ailleurs, le Comité français des sans papiers 59 (CSP59), organise du premier au 22 mars prochain une “marche nationale, de Lille à Paris” sur le thème “25 000 NON aux expulsions, 25 000 OUI à la régularisation”. Le comité a signalé dans son appel à cette marche que “les arrestations, mauvais traitements, expulsions, blocages des dossiers et mises en garde à vue des militants se succèdent à Lille”, dans le nord de la France, mais que “la résistance, la mobilisation des sans-papiers et soutiens ont permis la régularisation de 29 sur 56 grévistes de la faim”. APS