A l'issue de la réunion qui a regroupé les directeurs des centres hospitalo-universitaires (CHU), les présidents des conseils scientifiques de ces CHU et les représentants des différents syndicats du secteur de la santé au CHU d'Oran autour de l'activité complémentaire exercée par les praticiens dans les établissements privés, il a été suggéré le gel ou l'abrogation de la loi portant l'activité complémentaire en attendant l'adoption des futurs statuts des personnels de la santé. Ces statuts prendront en considération l'encadrement de l'octroi de l'autorisation de l'activité complémentaire et l'exercice de cette dernière. Telles sont les propositions faites par les participants à cette journée d'étude. Lors de cette réunion d'évaluation sur l'application de cette activité depuis dix années, un point de situation a été présenté à Amar Tou, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, par les différents directeurs des CHU. Des rapports détaillés sur l'application de cette activité complémentaire ont été présentés. A travers les communications, l'accent a été mis sur les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de cette activité complémentaire exercée par les praticiens hospitalo-universitaires dans le secteur privé durant deux après-midi par semaine, d'une part, et les dérives constatées d'autre part. Le fait que des praticiens hospitalo-universitaires désertent les services des hôpitaux publics pour aller offrir leurs compétences au privé sans autorisation au préalable a causé d'énormes problèmes dans certains CHU sur le plan des soins, de la formation et de la recherche. A travers cette pratique, il a été constaté des détournements de malades, des moyens humains et matériels du secteur public vers le secteur privé, l'exercice clandestin de cette activité et le cumul de l'exercice complémentaire avec la chefferie de service pourtant interdit par la loi. Selon les intervenants, sur l'ensemble des effectifs concernés par l'activité complémentaire, seulement 3% ont des autorisations. En dehors de la pratique de « rabattage » faite par certains « médecins véreux » qui ont pour unique souci de gagner plus d'argent, il faut dire que des médecins, des professeurs et des maîtres assistants ont été d'un grand secours à beaucoup de malades renvoyés par ces mêmes hôpitaux où ils travaillent, faute de places ou de moyens matériels. Il est clair aussi que la loi en elle-même est très « généreuse », mais c'est son application qui pose de sérieux problèmes. « La loi ne permet que deux autorisations par service. Il a été constaté parfois qu'une bonne partie de l'effectif exerce ce temps complémentaire sans autorisation », a-t-on signalé en précisant que de graves dérives ont été enregistrées. « Elles se sont traduites par le dysfonctionnement des services de soins et donc sur la qualité de la prise en charge des usagers de la santé », a-t-on ajouté. Lors des débats, il a été ainsi évoqué la nécessité de revoir les fondements de cette activité complémentaire. Ainsi, le ministère de la Santé a invité les participants à lui suggérer des « propositions concrètes et réalisables » de révision des modalités d'exercice de cette activité. L'objectif de cette révision, qui ne veut pas dire suppression, est, selon le ministère de la Santé, l'amélioration du fonctionnement des services de soins et de la prise en charge des malades. Que M. Tou s'attaque aujourd'hui à cette pratique anarchique est une bonne chose, mais faudrait-il que les services dans les hôpitaux publics offrent plus de moyens motivants aux praticiens et un meilleur accueil aux malades.