Des dizaines de citoyens, pour la plupart des membres des trois familles assassinées sur les hauteurs de la ville de Tiaret, ont observé un sit-in hier devant le siège de la police judiciaire où, munis de banderoles, ils sont venus dénoncer ce qu'ils appellent « le bâclage de la procédure ayant valu l'arrestation, puis la présentation d'un suspect devant la justice pour une affaire qui a trait à des relations contre nature » alors qu'« elle restait induite par une autre relative à l'argent, voire à une quelconque distribution de butins ». La colère de ces citoyens était d'autant plus perceptible que la manifestation risquait de déborder du cadre pacifique dans lequel elle fut projetée par les organisateurs. Les protestataires, bien que reçus à l'intérieur des locaux de la police, où leur a été expliquée la démarche, ont été quelque peu tenaces et sont montés pour se planter devant le siège du parquet à Tiaret pour brandir à nouveau les slogans accusant la police d'avoir mal ficelé le dossier. Selon certaines personnes, dont la sœur et les frères du jeune clandestin Sahraoui Abed, 30 ans, « la thèse présentée par la police est loin de coller à la réalité », quand bien même certains indices ne semblent pas corroborer les faits. Au niveau du parquet, Mohamed Foulène, procureur général, fraîchement rentré d'une convalescence alors qu'on lui présentait le dossier de l'affaire, a tenu à affirmer à la presse que « contrairement à ce que croient les parents des victimes, le dossier n'est pas clos » en ajoutant : « Pour qu'éclate toute la vérité, nous lançons à travers vous un message à tout ceux ou celles qui détiennent une quelconque information de venir nous la communiquer. » Les protestataires, dira notre interlocuteur, devront comprendre les mécanismes de la justice. « Celle-ci ne ménagera aucun effort pour valoir le juste, châtiment aux auteurs de ce triple assassinat. » A bien comprendre le courroux des protestataires, l'affaire de ce triple assassinat qui a secoué la ville de Tiaret ne se résout pas à une affaire de mœurs, car renchérissent-ils, « nos parents sont connus dans la cité pour leur probité, droiture et foi inébranlable ».