La chambre d'accusation près la cour d'Alger a renvoyé au 29 juillet sa délibération concernant l'affaire BNA. Le dossier avait été déposé, il y a une semaine, par le doyen des juges près le tribunal de Sidi M'hamed, après avoir clos son instruction. C'est la seconde fois qu'il atterrit à la chambre d'accusation, puisque lors du premier examen, celle-ci l'avait renvoyé pour complément d'enquête. Samedi, Achour Abderrahmane, le principal accusé dans cette affaire, était convoqué par le juge près le tribunal de Bab El Oued pour être entendu sur un autre scandale, dans lequel il est le principal accusé aux côtés de l'ancien chef de sûreté de la wilaya de Tipaza, l'ex-chef de la police judiciaire de cette même wilaya et son adjoint ainsi que l'ex-directeur de la clinique des Glycines dépendant de la sûreté nationale. Ces derniers sont accusés d'avoir rédigé et remis un faux document pour blanchir Achour Abderrahmane de tous les faits qui lui sont reprochés devant les autorités judiciaires marocaines, où il a été arrêté et extradé après des mois de bataille juridique. La magistrat instructeur a placé sous mandat de dépôt l'ex-chef de la police judiciaire et son adjoint, remis en liberté provisoire l'ancien chef de sûreté de wilaya et gardé sous contrôle judiciaire le directeur de la clinique pour, entre autres, corruption, complicité de détournement, faux et usage de faux et abus d'autorité. Ces décisions ont été confirmées la semaine écoulée par la chambre d'accusation près la cour d'Alger. Neuf autres policiers et officiers de police, ainsi que six commerçants convoqués par le parquet dans le cadre de cette affaire ont gardé le statut de témoin dans ce dossier. Devant le magistrat instructeur, Achour a nié tous les faits en déclarant son ignorance quant à la nature du faux rapport. Selon lui, ce dernier a été transmis à ses avocats au Maroc pour lui permettre de se défendre contre son extradition vers l'Algérie. Ses propos seront confrontés à ceux des commissaires, la semaine prochaine, avant que le dossier ne soit transmis à la chambre d'accusation pour examen. Pour de nombreux avocats, le volumineux dossier, lié à des jeux de traites creuses et croisées, de chèque de cavalerie et d'escroquerie, est étroitement lié à celui du faux document établi par les officiers de la police, du fait que le document en question a été rédigé dans le but évident de blanchir Achour Abderrahmane des faits qui lui sont reprochés par la BNA. Pour nos interlocuteurs, les intérêts des deux affaires se rejoignent et peuvent constituer un seul dossier. A ce niveau de l'instruction, seule la chambre d'accusation peut engager une telle procédure, d'autant que le code de procédure pénale le lui permet. A titre de rappel, c'est à la suite d'une enquête décidée par les plus hauts responsables de la sûreté nationale qu'une partie du voile a été levée sur cette affaire, dans la mesure où de nombreuses zones d'ombre restent entières à ce niveau de l'enquête, tant les vrais protecteurs ou parrains de Achour Abderrahmane au sein de l'institution policière ne sont pas encore inquiétés. Les services de la police judiciaire d'Alger, auxquels l'enquête a été confiée, n'ont malheureusement pas réussi à démasquer toutes les complicités qui ont permis à Achour Abderrahmane d'obtenir le document, alors qu'il était déjà sous le coup d'un mandat d'arrêt, et de quitter le territoire national sans être inquiété. Il s'agit en fait d'un rapport de quelques paragraphes, établi par la brigade économique de Tipaza déclarant (en trois jours) l'enquête menée en 2004 sur les pratiques de Achour Abderrahmane infructueuse, alors que les mouvements des chèques de cavalerie, les crédits non garantis et le jeu de traites creuses et croisées se sont poursuivis jusqu'à novembre 2005. En détention provisoire depuis son extradition du Maroc en novembre 2006, Achour Abderrahmane est soupçonné aussi d'avoir détourné de la BNA quelque 32 milliards de dinars. Le pot aux roses a été découvert en octobre 2005 à la suite d'une lettre anonyme adressée aux plus hautes autorités du pays. Une plainte a été déposée par la BNA et l'instruction s'est soldée par l'inculpation de 32 personnes, dont les associés de Achour Abderrahmane, sa secrétaire et son épouse. Le juge a également inculpé les responsables des agences BNA de Bouzaréah, de Zighoud Youcef, de Cherchell, de Koléa, ainsi que l'ex-PDG de la BNA, Chikhi, son inspecteur général, le directeur régional et celui du réseau exploitation, deux commissaires aux comptes, deux experts-comptables, le directeur du service informatique pour, entre autres, association de malfaiteurs, dilapidation de deniers publics, faux en écriture bancaire, escroquerie et chèques sans provision. Parmi les mis en cause, 15 ont été mis sous mandat de dépôt, notamment les responsables des agences, alors que deux autres sont concernés par des mandats d'arrêt, dont un international, à l'encontre de l'ex-directeur de l'agence BNA de Bouzaréah, actuellement à Londres.