La pénurie du ciment blanc persiste déjà depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Le marché noir a facilement repris le dessus concernant ce produit nécessaire à la construction. Ainsi, le sac de ciment blanc qui était cédé aux alentours de 600 DA est vendu à environ 3000 DA ! Tous les opérateurs économiques publics et privés, entreprises de réalisation, entrepreneurs ou maîtres d'ouvrage, subissent aujourd'hui les contrecoups de cette flambée des prix que connaissent les matériaux de construction d'une manière générale et le ciment blanc en particulier, dont la rareté persistante sur le circuit de distribution préoccupe plus d'un. D'autant que l'on avait affirmé, en avril dernier, dans les milieux des cimentiers qu'avec l'entrée en production de l'unité de Sig, la tendance allait être « inversée » dans les trois mois. Non seulement la demande intérieure allait être largement satisfaite, mais que l'Algérie pourrait dans un premier temps exporter jusqu'à 350 000 t par an. On est encore loin malheureusement de ces projections optimistes, on importe jusqu'à présent des cargaisons de ciment blanc qui partent en fumée en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Les professionnels du secteur n'excluent pas, pour leur part, la responsabilité des mafias de l'import dans cette pénurie organisée. En attendant, tous les programmes de construction se trouvent perturbés, y compris le fameux plan de réalisation d'un million de logements lancé par le président Bouteflika. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, plus on réalise de cimenteries, plus la pénurie sur les ciments gris ou blanc, au lieu de diminuer, augmente proportionnellement. Un phénomène que les experts devront nous expliquer. On comprend que l'effet d'annonce du lancement des programmes de l'AADL et du plan présidentiel de réalisation d'un million de logements ait eu pour conséquence logique une flambée des prix, non seulement au niveau interne, mais aussi chez les principaux fournisseurs internationaux de l'Algérie. Mais que la tension persiste plusieurs mois après la décision est en soi encore plus incompréhensible. Ce qui est valable pour le ciment est, dans une moindre mesure, encore vrai pour le rond à béton dont les prix sur le marché varient, comme fluctuent les cours du baril de pétrole, aiment à plaisanter les entrepreneurs. Décidément le malheur des constructeurs confrontés aux mises en demeure, de toutes sortes de la part des maîtres d'ouvrage, fait le bonheur des importateurs et des « organisateurs de pénurie ». En outre, le programme de privatisation des briqueteries relevant du secteur public ayant pris du retard, la production de produits rouges s'en trouve affectée. Non seulement les prix de ce type de matériau ont augmenté de manière significative, mais les quantités mises sur le marché ont considérablement diminué. Et certains produits rouges ont pratiquement disparu du marché, étant une spécialité des unités de production aujourd'hui à l'arrêt.