Comme chaque été, les jeunes candidats à l'émigration clandestine tentent l'aventure en jouant à pile ou face. La plupart d'entre eux sont fauchés et le vol d'une embarcation reste la seule solution. Ceci inquiète bon nombre de marins pécheurs car leurs embarcations sont leur seul gagne-pain et le vol équivaut à un vrai drame. Beaucoup d'embarcations disparaissent en juillet et août et on désigne toujours les jeunes « Harraga » comme étant les auteurs présumés des vols. Pour un pêcheur très au fait du problème, « les jeunes qui rêvent de rejoindre l'Espagne ne savent pas que les caprices de la mer sont imprévisibles, il suffit d'une petite houle pour que l'aventure tourne au drame. Les embarcations rapides peuvent facilement culbuter et la mort est certaine. Les vols des embarcations nous amènent à faire la garde de nuit pour prévenir toute mauvaise surprise et on s'inquiète pour ces jeunes qui se jètent pieds et poings liés dans la mer. » Les gardes–côtes ont fait échouer des dizaines de tentatives d'émigration clandestine et avant-hier encore, un groupe de jeunes, se dirigeant à bord d'une petite embarcation, a été intercepté au large de la corniche oranaise. « De jeunes aventuriers donnent une couche de peinture de couleur verte à leur embarcation, pour ne pas être repérés, et ils prennent un grand risque car quand ils font face à des problèmes, leur sauvetage devient difficile » nous dira un artisan de la mer.