Les travaux d'aménagement du port de plaisance et de pêche artisanale au chef-lieu de wilaya de Tipaza sont en cours. Il est évident que le stockage des gros cubes de béton et la présence des engins et des grues ont suscité moult interrogations sur l'avenir de ce petit port, surveillé par le phare. Tipaza : De notre bureau Il s'avère que tous les éléments liés à la préservation du site archéologique de Tipaza ont été pris en considération, selon les affirmations des experts de l'Unesco, notamment Azzedine Bechaouche et Jean-Pierre Braun et des autorités algériennes de la wilaya et du ministère de la Culture. Les séances de travail ayant regroupé toutes les parties prenantes ont effectivement précédé le début des travaux dans le port de Tipaza. Le 18 octobre 2006, le 1er point retenu lors de la réunion consistait à demander la présence permanente d'un représentant de la direction de la Culture de la wilaya durant les travaux d'une part et, d'autre part, imposer la touche culturelle dans le plan d'aménagement de cette infrastructure portuaire. Le projet en lui-même consommera 110 000 tonnes de matériaux de carrière et 30 000 m3 de béton, et sera constitué d'une jetée secondaire pour l'activité de plaisance d'une longueur de 145 m linéaires, et d'une jetée principale pour l'activité de la pêche artisanale d'une longueur de 235 ml, tandis que la surface du plan d'eau pour les deux bassins s'étalera sur 2,2 ha. L'Etat a consacré une enveloppe financière d'un montant de 4,70 milliards de dinars pour les travaux des aménagements des ports de Tipaza, Cherchell et Gouraya. L'enveloppe financière affectée pour les travaux d'aménagement du port du chef-lieu de wilaya en un port de plaisance et de pêche artisanale s'élève à 1,23 milliard de dinars. C'est une entreprise portugaise qui est chargée de la réalisation de ces travaux. Le Pr Christophe Morhange, membre honoraire de l'Institut universitaire de France à l'Université d'Aix-Marseille avait adressé le 10 mai 2007, un courrier à Mme Véronique Dauge, au Comité du patrimoine mondial (CPM), avec des photos du chantier, dégâts selon ses termes, lui faisant part de la catastrophe archéologique qui est en train de détruire un des ports antiques, dont celui de Tipaza, exhortant la membre du CPM d'intervenir pour faire cesser les destructions, selon ses écrits. « Heureusement que P.A. Février et S. Lancel ne sont plus là (décédés, ndlr) », écrit-il. Christophe Morhange s'était rendu en Algérie au mois de mai 2007 pour une mission de géologie littorale. Il avait été choqué au plus haut point selon ses déclarations par les impacts des travaux d'aménagement du port de Tipaza, défigurant totalement le site archéologique. « Après la mauvaise gestion des ports de Paphos (Chypre) et de Tyr (Liban), on peut s'attendre au pire. Avez-vous été prévenu de telles interventions ? De nombreux blocs archéologiques ont été dragués et gisent en vrac », écrivait-il dans son message. Après avoir saisi le CPM (Unesco), le géologue Christophe Morhange avait alerté le journal français Le Monde à ce sujet. La réaction de l'expert de l'Unesco qui avait effectué des missions sur le site archéologique de Tipaza, classé patrimoine mondial par l'Unesco, en l'occurrence Azzedine Bechaouche, ne s'était pas faite attendre. Le Tunisien, expert de l'Unesco, informe et tranquillise Christophe Morhange, en lui écrivant que le port, actuellement en aménagement à Tipaza (Algérie), n'est pas et n'a jamais été le port de l'antique Tipaza. « Il s'agit d'un port de pêche aménagé après l'installation, sur le site archéologique de Tipaza, d'un village de colonisation, indique l'expert de l'Unesco, le seul vestige existant, dans cette zone portuaire (en forme de grosse boîte inclinée, visible de loin et par tous), est un tombeau punique échappé à la ruine. Ce tombeau faisait en réalité partie d'une ancienne carrière », enchaîne le membre de l'Iccrom et l'ancien président et rapporteur du CPM. Le directeur honoraire des Antiquités de la Tunisie et expert de l'Unesco rappelle que Mounir Bouchenaki, directeur honoraire des Antiquités de l'Algérie, de surcroît l'ex-responsable de la circonscription archéologique de Tipaza est consulté sur la situation. Les autorités de la wilaya de Tipaza avaient à maintes reprises insisté sur la préservation de ce tombeau punique qui est implanté sur le port de Tipaza. Le rapport de la mission des deux experts du CPM-Iccrom sur le site de Tipaza effectuée au mois de mars 2006, en l'occurrence Azzedine Bechaouche et Jean-Pierre Braun, contient 23 pages. Selon leur constat, la situation du bord de mer et son orientation nord, soumet la falaise du port de Tipaza à l'action de fortes tempêtes et un effet de ressac érode le pied de la falaise. Ce phénomène serait d'autant plus inquiétant s'il était combiné avec un phénomène de ravinement important. Mais ce dernier est fortement atténué par la couverture végétale. L'érosion, tout en étant relativement lente, constitue néanmoins une menace réelle pour les vestiges situés en bordure de mer, tandis qu'un programme de protection à long terme est à élaborer impérativement. A la suite des vérifications effectuées sur le site et les discussions avec les autorités de la wilaya de Tipaza et du secteur de la culture, les experts de l'Unesco affirment que dans le cadre de la restauration du petit port de pêche, et pour l'extension du plan d'eau à vocation de plaisance, il a été décidé d'installer des épis et des brise-lames, ainsi que des mesures complémentaires pour stabiliser la falaise. On peut s'attendre à ce que ces travaux contribuent efficacement à atténuer ponctuellement les effets d'érosion maritime, indiquent dans leur rapport de mission les délégués du CPM. Les experts de l'Unesco précisent ainsi que le schéma des installations portuaires de plaisance prévues montre l'importance et l'implantation des épis-lames, et ne contribue qu'à la protection du littoral. A cet effet, les autorités de la wilaya de Tipaza avaient entamé des actions concrètes, conformément à leurs engagements auprès de l'Unesco pour lever toutes les réserves, dans le but de retirer définitivement le site du patrimoine mondial de Tipaza de la liste du patrimoine en péril, une décision qui relève uniquement du CPM.