Le gouvernement semble être prêt à mettre en mouvement la privatisation des entreprises publiques économiques. Son intention de dépasser les limites politiques qui lui sont connues ces dernières années dans la gestion de ce dossier à dimension sociale évidente, et donc sensible, s'est manifestée dans la dernière sortie médiatique d'Ahmed Ouyahia. Hormis les trois entités économiques jugées stratégiques, le reste, tout le reste du secteur public économique est destiné ainsi à passer aux mains de la propriété privée. Cette déclaration recouvre d'autant plus la forme d'un avis d'appel d'offres renouvelé par le chef de l'Exécutif que, avant déjà l'élection présidentielle de Bouteflika, le discours officiel a arrêté le calendrier du lancement des réformes du secteur public pour l'année 2004. La nouvelle mesure proposée dans le projet de loi des finances 2005, à savoir la budgétisation du financement des déficits des EPE, semble tenir davantage de cette logique du gouvernement de vouloir couper le cordon ombilical entre ces entreprises et leur tutelle, l'Etat. Car au-delà de cet avantage technique que peut conférer le fait de budgétiser les déficits de certaines entreprises, en pariant sur la transparence, le but recherché a tout l'air d'une action qui vise à faire partager le risque politique aux députés de la nation puisque, finalement, c'est à eux que reviendra la décision d'adoption. Le partenaire social habituel qu'est l'UGTA est de ce fait mis hors coup, même si par ailleurs il s'en félicite. Cependant, force est de reconnaître que les opérations de privatisation se heurtent à des obstacles parfois insoupçonnés. Elles sont d'autant plus difficiles à mener sur le terrain que toute privatisation soulève forcément un enjeu de pouvoirs. Cet élément même dont l'opinion publique semble s'être saisie pour tenter d'expliquer les échecs itératifs des précédents gouvernements dans la conduite de ce dossier. A qui mieux en effet qu'un gouvernement dont c'est la mission même de privatiser les entreprises qu'il dit n'être pas viables pourra-t-on demander justification sur ce qui est communément considéré comme immobilisme ? A moins de ne pas être capable de faire le distinguo entre cette volonté sans cesse claironnée et les foucades dont il semble avoir été toujours le cas. Autrement, le désinvestissement généralisé au sein des unités publiques a plus que jamais montré que cette politique d'attente, de quelque bord que l'on essaye de l'analyser, est paralysante tant pour la croissance que pour la création d'emplois tant attendues. Reste que le gouvernement est jugé à ses réalisations tant au niveau de la transparence des opérations que de la finalité sociale de ces dernières.