Lentement et insidieusement, les prix des produits de large consommation grimpent, flambent. Sans que l'on sache pourquoi ni à quel mécanisme économique obéissent ces hausses exponentielles des aliments du pauvre que la sacro sainte règle de l'offre et de la demande ne peut à elle seule expliquer. A côté d'un été particulièrement caniculaire, la mercuriale dans nos souks donne le vertige à l'Algérien « basic ». El Watan donne aujourd'hui un aperçu de la nouvelle ardoise sociale que les Algériens devront désormais payer pour survivre. Et c'est une facture très salée dans un pays où le SNMG suffit à peine à s'acquitter des factures du gaz, de l'eau et de l'électricité pendant que le pétrole caracole à 80 dollars. Quid d'une alimentation décente, d'une hygiène de vie ou simplement d'une prise en charge médicale ? La majorité des Algériens est forcée de faire des coupes sombres dans ses budgets en ne s'accrochant qu'au minimum vital. Avec une misérable solde de 12 000 DA (110 euros environ) par mois, on ne peut raisonnablement s'offrir la chère pomme de terre qui culmine à 65 DA, sucrer son plat à 56 DA et le huiler à 520 DA. On ne peut pas non plus rouler le couscous traditionnel quand le sac de semoule dépasse la barre des 1000 DA. Et dans cette terrible campagne de dévitalisation, on annonce le sachet du lait à 40 DA pour les jours à venir. Pour les yaourts, le dessert résiduel de nombreuses familles algériennes, il va falloir en faire le deuil, puisque le pot est déjà monté à 14 DA alors que les autres produits laitiers ont suivi la cadence. Plus généralement, tous les prix des produits de première nécessité subissent des hausses commercialement inexplicables. Curieusement, les pouvoirs publics ont concédé dans la loi de finances complémentaire une belle fleur au cercle fermé des consommateurs du caviar, kiwi et ananas, en réduisant à la baisse les droits des douanes de ces produits de luxe. Pour le commun des Algériens, cela fait une belle jambe. Les effluves de la « bonne nouvelle » Le gouvernement ressort toujours son argument commode et en vogue consistant à prétexter la montée des prix des matières premières sur le marché international. Mais un tel expédient tient difficilement la route quand on observe les prix faramineux de certains fruits et légumes produits entièrement en Algérie. Rien ne peut justifier en effet les 150 DA pour le kilo de raisin ou celui des 220 DA pour la pomme, alors que le paysan qui cueille ces fruits les cède à 40 DA à la faune de grossistes et d'intermédiaires. Mais question : les pouvoirs publics sont-ils sensibles aux râles des petites gens ? Un début de réponse : invité par Abdelaziz Belkhadem en plein conseil de gouvernement à faire quelque chose pour baisser le prix de la pomme de terre, un de nos ministres en charge d'un secteur lié à l'agroalimentaire eut cette exclamation : « Où est le problème, le kilo est à 30 DA ! » Et oui, le ministre en question, il s'agit de M. Barkat, ne savait pas que ce légume coûtait 70 DA le kilo ! Pis encore, le même ministre a concédé aux journalistes qui l'interpellaient dimanche sur la hausse des prix que « je ne suis pas le ministre des prix ! » Voilà donc un gouvernement qui se lave les mains d'une saignée découlant de sa faillite dans sa mission de régulation du marché. Et l'UGTA dans toute cette histoire ? Motus et bouche cousue. Sidi Saïd tente même de chloroformer les travailleurs algériens en leur faisant miroiter une insondable bonne nouvelle à la rentrée… Une promesse qui se décline comme un produit soporifique au moment où les effluves des augmentations des prix chatouillent déjà les narines. Il ne faudrait donc pas faire tout un plat, semble recommander l'impuissante centrale. Pendant ce temps, les prix montent, montent…