Un intense chassé-croisé diplomatique marque, ces derniers jours, la région du Maghreb. Une région tourmentée, actuellement, par des différends nés entre certains pays qui la composent. Il s'agit surtout des attaques médiatiques menées par le Maroc contre l'Algérie et des accusations officielles de la Mauritanie contre la Libye. C'est par rapport à cette trame qu'on peut comprendre la multiplication des visites entreprises par de hauts responsables vers certaines capitales de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Avant-hier, le président Bouteflika a fait escale à Tunis sur son chemin de retour d'Abou Dhabi, où il avait assisté aux obsèques du chef de l'Etat émirati Cheikh Zayed Ben Sultan Al Nahyane. Une occasion pour féliciter Zine El Abidine Ben Ali pour sa réélection à la tête de l'Etat tunisien, mais aussi pour aborder la situation au Maghreb. Selon le porte-parole de la présidence tunisienne, les deux chefs d'Etat ont souligné « le caractère stratégique de l'édification de l'UMA et son importance pour l'avenir des peuples de la région ». Il faut signaler que ces entretiens sont intervenus cinq jours après la visite, samedi dernier à Tunis, de Mohamed Benaïssa, ministre marocain des Affaires étrangères. Celui-ci avait remis à Ben Ali un message de Mohammed VI et souligné, dans une déclaration officielle, les efforts que déploie le roi marocain pour « réduire la tension et parvenir à un règlement pacifique et définitif de la question » du Sahara-Occidental. Par ailleurs, le leader libyen, Mouamar El Gueddafi, a reçu, jeudi dernier à Tripoli, Abdelaziz Belkhadem, chef de la diplomatie et envoyé spécial du président Bouteflika. Officiellement, cette visite s'inscrit dans le cadre des consultations sur les relations bilatérales et la prochaine réunion ministérielle des 5+5 prévue fin novembre à Oran ainsi que les préparatifs du sommet arabe prévu à Alger en mars 2005. Or, il y a dix jours, Belkhadem s'était rendu à Nouakchott en qualité d'envoyé spécial de Bouteflika auprès de son homologue Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya. Le même jour, le président algérien s'était rendu en Libye pour « une visite d'amitié et de concertation ». Ces deux déplacements poursuivaient, en fait, l'objectif de tenter une médiation entre deux pays maghrébins. La Mauritanie accuse la Libye d'être derrière trois tentatives de putsch (8 juin 2003, 9 août et 29 septembre 2004). Et pour une quelconque médiation, « la Libye doit reconnaître son agression contre notre pays avant d'entamer toute négociation avec elle », avait exigé néanmoins, le 13 octobre dernier, le ministre mauritanien de la Communication et porte-parole du gouvernement, Hamoud Ould Abdi.