Le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), Hocine Zehouane, a été empêché de se rendre en Tunisie. Devant y être présent jeudi dernier pour assister au procès intenté au directeur du journal Kalima, Omar Mestiri, les services de sécurité tunisiens ont eu recours à une manœuvre d'un autre âge pour l'empêcher d'être aux côtés de la famille du journaliste et de l'ONG Front Line Defenders. « La LADDH dénonce le subterfuge auquel ont eu recours les services de sécurité pour empêcher son président, maître Hocine Zehouane, de se rendre en Tunisie pour suivre le procès intenté à Omar Mestiri devant le tribunal de Tunis, le 16 août 2007 », lit-on dans un communiqué de l'organisation des droits de l'homme, rendu public hier. Les autorités tunisiennes ont, affirme la LADDH, exercé des pressions sur la compagnie tunisienne Tunis Air pour annuler, sans le prévenir, la réservation de maître Zehouane. « Les réservations et le payement ont été assurés par voie électronique et le titre de voyage devait être disponible au comptoir de l'agence à l'aéroport d'Alger. Or le 15 août à 15h, un appel téléphonique de Tunis donnait l'alerte que les réservations ont été annulées sur pression des services de sécurité auprès de Tunis Air », explique l'ONG dans la même déclaration. Selon le même document, les tentatives de maître Zehouane d'avoir des éclaircissements auprès de la représentation de la compagnie à Alger se sont avérées vaines. « Maître Zehouane a eu droit à une attitude fourbe et déloyale des préposés au comptoir qui ont affirmé qu'il n'y avait trace d'aucune réservation et qu'ils ne pouvaient fournir d'autres explications. S'étant précipité à l'aéroport où le billet électronique devait être disponible, le responsable de l'agence lui opposa un accueil à la limite de la courtoisie, réitérant froidement qu'il n'y avait aucune réservation », ajoute-t-on dans ledit communiqué. La LADDH dénonce, précise ce document, « l'infidélité commerciale de Tunis Air qui viole unilatéralement ses obligations contractuelles ». Réitérant son soutien au journaliste Omar Mestiri et sa solidarité avec sa famille, la ligue que dirige maître Hocine Zehouane se lève contre les pratiques des services de sécurité tunisiens. Des pratiques, note encore l'ONG, allant « jusqu'à porter atteinte au crédit d'une société commerciale de transport aérien pour une seule fin : priver Omar Mestiri de la présence d'observateurs extérieurs et de surcroît venant d'un pays frère du Maghreb ». Exhortant les autorités tunisiennes à renoncer à de tels harcèlements judiciaires envers les militants des droits de l'homme, la ligue appelle à l'imposition de la libre circulation des défenseurs des droits de l'homme à l'échelle du Maghreb.