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France. Festival d'avignon
Darina, la liberté au prix fort
Publié dans El Watan le 21 - 08 - 2007

Darina Al Joundi devait participer au Festival du cinéma arabe qui s'est tenu à Oran à partir du 28 juillet. A Avignon cet été, elle a fait sensation avec Le jour où Nina Simone a arrêté de chanter, et on la retrouvera sur le grand écran en septembre dans Un homme perdu de Danielle Arbid.
Où sont les limites de l'expression ? Où placer le curseur de notre liberté ? Ce qui apparaît au premier chef comme une question d'ordre philosophique est en réalité posée à tous les êtres humains, et d'une façon plus cruciale encore aux musulmans, aux arabes et enfin, pour corser le tout, aux femmes arabes et musulmanes. La comédienne libanaise Darina Al Joundi en a expérimenté à satiété dans sa chair les contours et elle a aujourd'hui un regard acerbe sur son propre vécu fait de déchirures. Mais elle n'a plus peur de rien, même pas qu'on lui jette l'anathème ou l'opprobre. La malédiction, elle l'a suffisamment vécue pour ne plus avoir rien à en craindre. Si elle a traversé intacte la guerre civile dans son pays, entre tirs de snippers, bombes et tirs de roquettes, elle n'a pas échappé à la vindicte de membres de sa famille qui trouvaient qu'elle y allait un peu fort, usant trop de sa liberté d'individu et de femme. Elle dit tout dans Le jour où Nina Simone a cessé de chanter, interprétée avec brio et succès à Avignon (au Théâtre des halles) pendant trois semaines. Le texte a été écrit de concert avec l'écrivain algérien Mohamed Kacimi. A l'issue de la représentation, on se demande où est la part de vérité et la part d'invention. Mais l'artiste, avec le sourire, dans un restaurant de la capitale estivale du théâtre, sourit : « Tout est vrai. » Nous voilà bien avancés. Darina, fille de l'écrivain arabophone libanais, d'origine syrienne, Assem Al Joundi, se livre donc complètement, disant toute la souffrance endurée. Elle confie sa relation à ce père qui a passé la moitié de sa vie en prison. Ecrivain et journaliste syrien installé au Liban, il est parti faire la révolution » dans son pays quand la guerre du Liban a éclaté. Darina Al Joundi était âgée de 7 ans. Elle vivra son adolescence dans le feu de la déflagration, sous les bombes, corps et tête en feu. Son père a pour elle les rêves les plus fous : en faire une femme sans tabous, sexuel ou religieux, dans un Orient où les femmes sont obsédées par la virginité, « le seul capital dont peut disposer une fille arabe ». Et elle se laisse aller à la confiance à ce père pas comme les autres, vivant sa vie, comme on dit avec des points de suspension gênés… « Il était tout pour moi. Tant qu'il était là, il me protégeait, me disait que je ne craignais rien ». Jusqu'à sa mort. Elle, qui est à l'étranger dans les années 1990, rentre pour enterrer ce protecteur « qui croyait tellement changer le monde ». « J'étais debout devant lui, c'est alors que les questions ont commencé à pleuvoir ; que faire maintenant ? A qui vais-je raconter ma vie ? Pourquoi vais-je la vivre, s'il n'est plus là pour la partager. A ce moment, j'ai compris que c'était un père unique. » Surtout elle sait que les rêves les plus fous de la militance du père pour changer le monde sont « caducs ». Grand débat qui nous mène sur les utopistes bagarres laïques, progressistes des années 1960 et 1970, illusions noyées dans la régression vécue à partir des années 1980 et 1990. « La guerre fait tomber les masques », dit-elle. Venue pour mettre en terre son père, ses proches vont la faire descendre aux enfers, jusqu'à la faire passer pour folle et l'interner à l'asile. Mais ils ne l'anéantissent pas. « Des femmes y sont encore. Moi je suis en dehors, dans l'exil, maintenant, je peux témoigner ». Cette parole forte, sans tabou ni complexe, aussi crue qu'elle est rare, peut légitimement déranger. Mais nul ne peut y être insensible, autant celui qui jugera outrecuidant une telle expression libre, que celui qui l'applaudira. Tout simplement, parce que ce n'est pas une autobiographie de circonstance. Rien n'est inventé et rien n'est forcé. La comédienne n'avait pas besoin de ça pour exister. Sa carrière, avant ce retour aux enfers, parlait pour elle. Maintenant, loin des démons qui la niaient, elle se laisse entraîner par ses propres démons intérieurs, et une comédienne sincère est née. Elle peut dire, elle le doit, et elle ne s'en prive pas. Elle livre tout ce qu'elle a dans les tripes, même si elle sait très bien qu'elle met à mal ceux qui ne veulent pas entendre une voix de femme porter si loin la liberté d'exister. Le texte sera publié prochainement aux éditions Actes sud, et un documentaire filmé de la pièce va être tourné. Sûr qu'on n'a pas fini d'entendre parler de cette sublime actrice qui nous vient de la perle de l'Orient. D'autant qu'en septembre sort sur les écrans français Un homme perdu. Réalisé par Danielle Arbid, il a été projeté en mai dernier à Cannes, dans la Quinzaine des réalisateurs.

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