C'est Hachemi, le batteur et ex-sociétaire de Raïna Raï qui, avec son groupe Raïna Hak, a animé la soirée de clôture du concours de la meilleure trompette. Un Hachemi, bête de scène, jouant de sa batterie comme d'un prolongement de son corps, chantant d'une voix gouailleuse, un rien canaille et au timbre caractéristique, une voix qui se met à l'onomatopée lorsque la parole ne veut plus rien dire. Un Hachemi, homme-orchestre, qui se donnait à fond pour compenser les dératés d'une sono ne répondant pas aux besoins du plein air. Et c'est plutôt le public qui était dans un jour sans, un public pourtant venu nombreux, un public majoritaire resté dans l'écoute que le déchaînement des corps sur l'immense scène de danse du Théâtre de Verdure du jardin public de Aïn Témouchent. Etait-ce parce que Raïna Hak ne verse pas dans ce raï sirupeux où il n'y a plus un brin de subversion, un raï où la poésie a déserté les paroles ? Bien possible, au regard des morceaux enchaînés et où l'on retrouve le répertoire classique d'un raï de l'exigence artistique et de nouvelles créations données en primeur d'un CD en voie d'édition. Il y a eu Raïna Hak entre murmure et rythmique alaoui, Ya zeghaïda diri lataye à ne pas confondre avec Ya zina diri lataye chantée en fin de programme. Les plaintives mais pas pleurardes Ouâdi, ouadi, kirani, Ma andi z'har et le très énergique Til taïla. Et puis, un clin d'œil à Bouzid Lamari avec la reprise de Nedjma réarrangée et interprétée en duo par Hachemi et sa fillette. Mimouna, à l'instar de quelques classiques à texte, fait trémousser une partie du public. Même quelques Chinois se sont laissé aller à chalouper du corps mais s'ils restaient bien assis sur leurs chaises. Nichane, Chômage sont la lignée de la protest song, la chanson patriotique était également de rigueur le 20 août avec l'émouvante Zabana et l'héroïque Oued Chouli. Une prestation d'une durée de deux heures où dominèrent des morceaux très courts du raï plus instrumental que vocal, plus rythmique que mélodique, et où le vocal est ramené au rang du son d'un instrument où le chanteur n'est pas la vedette mais un élément du groupe. Messaoud Bellemou, le président du Concours national de la trompette, est allé féliciter Hachemi et lui recommander la présence d'un ou de deux cuivres dans sa formation. « Ce serait le top », a-t-il affirmé. Ce qu'approuva Hachemi en signalant que son groupe est encore en formation. Concernant le concours pour les trois prix, il a eu des ex æquo avec en premier Belouardi Farid d'Alger, le seul instrumentiste à avoir joué avec une partition sous ses yeux, et le Témouchentois Lemou Miloud qui arrache cette année encore un 1er prix. Le Tlemcénien Haddouche Benammar est, cette fois, en 2e position avec le Témouchentois Boulenouar. Enfin, en 3e position, il y a eu Bedar Sid Ahmed de Témouchent et Bouguerroudj de Relizane. Le jury, constitué de trois professeurs d'instituts régionaux de musique, a recommandé l'ouverture d'une annexe de l'Institut de musique d'Oran. Ils estiment qu'il est temps de dépasser l'apprentissage sur le tas, un type de formation qui limite le développement des dons et du talent : « Vous verrez sous peu, le concours étant devenu national, des trompettistes formés de façon académique venir ravir la palme aux jeunes du vivier témouhentois. » Du côté de la direction de la culture, le principe est acquis, mais il reste qu'il appartient au ministère de juger de l'opportunité de la proposition au regard de sa stratégie nationale en la matière.