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Charges lourdes, éloignement et cherté du voyage
Ces Algériens du Canada qui passent leurs vacances au pays
Publié dans El Watan le 22 - 08 - 2007

Faïza avec ses deux enfants en est à son deuxième voyage vers l'Algérie en quatre ans. Son mari qui les a accompagnés à l'aéroport doit « rester au Canada pour payer les factures », affirme-t-il en souriant. « On ne peut pas se permettre de voyager chaque année.
Cette fois-ci, c'est le mariage de ma sœur cet été, à Alger, qui m'a poussée à serrer la ceinture », affirme cette Algéroise qui profite aussi des vacances scolaires de ses enfants. Avec un revenu parmi les plus bas au Québec, la province canadienne où se concentre la quasi-totalité des Algériens du Canada, l'immigrant ne peut pas faire face aux différentes charges de la vie et se permettre un voyage transatlantique une fois chaque année en famille. A titre d'exemple, le taux de chômage est de 14% dans la communauté arabe du Québec, selon les médias locaux, alors qu'il est de 6,6% pour la population générale. « L'arrivée d'Air Algérie nous évitera l'escale fatigante et nous permet de faire quelques économies », explique-t-elle en tentant de retenir son petit garçon qui n'arrête pas d'embêter sa sœur, son aînée de deux ans. Ceci confirme un « sondage » en ligne sur le site de la radio internet salamontreal.com, de l'association le Centre culturel algérien (CCA) qui connaît un « buzz » appréciable ces derniers mois dans la communauté. 66,1% des 835 répondants estiment que « la nouvelle ligne directe Alger-Montréal va plus les encourager à envisager des vacances en Algérie ». A l'inverse des émigrés en France, cette famille ne s'encombre pas de trop de cadeaux. « Je préfère acheter en Algérie où on trouve de la bonne qualité à des prix plus bas », explique Faïza qui se rappelle que lors de son premier voyage elle a failli être la risée de la famille à cause du « décalage de mode entre l'Europe et l'Amérique du Nord ». Elle n'est pas près de subir l'affront une deuxième fois ! Aïssa Lamri, conseiller en voyages chez Uniglobe, affirme que pour cet été « 80% des réservations réalisées par son agence étaient pour les femmes et les enfants ». « En moyenne, les séjours sont de deux mois. Les retours se font avant le 26 août en général avec la rentrée scolaire au Québec », explique-t-il en rappelant que « l'arrivée d'Air Algérie a créé un engouement sans précédent ». Idée que partage aussi Malik Hadid, propriétaire de l'agence de voyages Jetset. Il affirme que « depuis l'arrivée d'Air Algérie, les prix ont baissé de près de 25% sur la destination Alger sur les compagnies présentes. Ceci a fait augmenter le nombre de voyageurs d'environ 40% ». Du fait que les congés pour ceux qui travaillent ne dépassent que rarement les deux semaines, « les pères rejoignent leurs familles en Algérie vers la fin du séjour », affirme Aïssa Lamri, en soulignant le cas des jeunes célibataires qui vont en Algérie pour se fiancer ou se marier et commencer une procédure de parrainage. Pour les vacances au Canada, le conseiller d'Uniglobe explique que les Algériens qui passent leurs vacances au Canada ne sont pas nombreux : « Après un voyage en Algérie où ils dépensent beaucoup — environ 10 000 dollars pour deux adultes et deux enfants—, ils sont frustrés et choisissent Cuba ou la République dominicaine l'année d'après ». Malik Hadid, de son côté, estime que « les Algériens ne sont pas de grands voyageurs au Québec sauf ceux qui sont installés depuis de longues années et qui ont une situation financière stable, une maison… ». Les moins « nantis » rejoignent les nantis dans le cas où ils recevraient de la visite d'Algérie, en général les parents qui obtiennent plus facilement des visas canadiens. Pour les bourses plus modestes, le tissu associatif algérien à Montréal offre des excursions très prisées qui enregistrent un succès, mais qui sont loin de pouvoir faire face à la demande potentielle des 60 000 Algériens du Canada dont la quasi-totalité est concentrée dans le grand Montréal. En plus du CCA, le Regroupement des Algériens du Canada (RAC) organise des camps d'été pour les familles. L'association Rencontre entre jeunes Algériens (REJA) organise des excursion pour enfants et adolescents. Faïza devrait rentrer vers la fin du mois d'août. Elle aura toute l'année pour rembourser ses cartes de crédit !

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